Shape Of Despair - Return To The Void
Chronique
Shape Of Despair Return To The Void
Dans la niche qu’est le funeral doom, j’ai toujours eu une affection particulière pour Shape of Despair, étant à ce titre souvent l’objet des moqueries de certaines consœurs ou de certains confrères. Des railleries bien injustifiées à mon sens tant Shades of… ou Monotony Fields m’avaient paru d’un excellent niveau, Angels of Distress et Illusion’s Play ne déméritant pas non plus dans un style plus monolithique.
Très aérien, extrêmement lent et souvent noyé dans la reverb’, Shape of Despair alterne le guttural (cette voix toujours abyssale depuis Pasi Koskinen jusqu’au nouveau venu depuis deux albums, Henri Koivula), la légèreté (la voix féminine qui arrose de temps à autre la structure) et un son d’une profondeur extrême, très soyeux, très enveloppant, qui attire littéralement vers les tréfonds de la Terre. Return to the Void et Dissolution ouvrent ainsi l’album sur ces tonalités classiques du combo finlandais. Le choix d’un rythme très lent, alternant pesanteur et envolées plus graciles, permet aux titres de révéler leurs subtilités, les arrangements discrets qui les parsèment et donne aussi le temps à la structure de développer son propos.
Les aspects légèrement prog’ qui ont toujours été la marque de fabrique du groupe se retrouvent à l’identique, notamment dans les mélodies fortes qui servent de canevas à de nombreux morceaux (Dissolution, très beau ou encore Solitary Downfall). C’est précisément cette vision relativement « douce », un brin sucrée, du funeral doom, qui agace mes contradicteurs. Pour autant, c’est surtout la brume qui est convoquée en ces instants de grâce, des visions désolées de paysages ravagés par l’humidité et la moisissure. Solitary Downfall et Reflection in Slow Time, par exemple, plongent l’auditeur au cœur d’un bocage noyé dans le brouillard, d’où sortent des ombres indéfinies. Le rythme lent, répétitif, juste agrémenté d’une mélodie hypnotique, happe l’auditeur et l’amène à une sorte d’introspection forcée. La voix s’est adoucie, elle est noyée dans le lointain et n’en ressort que sous forme de longues mélopées quasi incantatoires.
Un travail semble avoir été effectué, précisément, sur la voix. Tantôt abyssale (Reflection in Slow Time, Return to the Void, Dissolution…), tantôt aérienne (Solitary Downfall), la voix se pare aussi, parfois, d’atours plus dissonants, totalement black metal comme sur Forfeit par exemple où les déchirements s’ajoutent à l’ambiance à la fois cotonneuse et faussement tellurique. Le mélange entre la haine apportée par le chant black et la mélodie soyeuse qui sourd de la structure, est juste parfait.
The Inner Desolation clôture l’album sur une synthèse classique des potentialités du combo finlandais. De fait, Return to the Void est un bel album, une vraie réussite, qui montre que Shape of Despair sait aussi se renouveler, apporter quelques idées neuves à son funeral doom ou encore, lorsqu’il appuie sur les aspects qu’il maitrise le mieux de marque de fabrique, produire de beaux morceaux, toujours portés par une forme de grâce funèbre, ans jamais lasser.
| Raziel 17 Décembre 2022 - 1036 lectures |
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3 COMMENTAIRE(S)
citer | Pas convaincu. Du même tonneau que le bien nommé Monotony Fields donc anecdotique. De toute façon quand on a pondu une merveille comme Angels of Distress, pavé intemporel qui a éradiqué à jamais la totalité de la concurrence, on est bien mal barré pour la suite... |
citer | Tout pareil. J'ai tenté à plusieurs reprises mais je retombe dans la torpeur laissée sur "Monotony Fields"... |
citer | Il va falloir prendre le temps de le digérer celui-là, j'ai toujours du mal depuis Illusion's play (Monotony Fields portant, hélas, toujours bien son nom pour ma part) même si j'apprécie pas mal les changements sur la voix, on reste globalement bien loin des qualités hypnotiques d'un Shade of... Soit le côté aquatique/chants de sirènes (mais cotonneux marche aussi  ), ne prend plus chez moi, soit j'en attends trop, je vais le laisser maturer un peu malgré tout... |
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