Initialement sorti en juillet 2022, le premier album des Parisiens de
THOD trouve cette année son second souffle grâce au label italien
WormHoleDeath, la belle occasion de (re)découvrir «
Asklepios », soit neuf compositions d’un
doom black metal chanté en allemand… Oui, le résultat est pour le moins étrange, pour ne pas dire légèrement angoissant. Déjà parce que la musique est extrêmement sommaire : des tempos majoritairement lents (évidemment), très peu de riffs, d’infimes variations rythmiques et une ambiance globale qui n’est pas sans parfois me rappeler les grandes heures de
CULTUS SANGUINE, la grandiloquence italienne en moins.
D’ailleurs, les musiciens ne se cachent d’écrire à l’économie, affirmant eux-mêmes que chaque chanson ne contient qu’un seul et même riff, chacun illustrant une maladie. Quelque part, une telle contrainte pourrait s’apparenter à celle du livre « La disparition » de Georges Perec. Composer du
metal avec un seul riff, c’est un peu l’équivalent d’écrire sans la lettre « e »… Sans jamais perdre de vue que le résultat doit être intéressant ! Là réside le défi. Bien heureusement, le rendu final est moins lassant que ce que l’on pourrait craindre, le trio sachant suffisamment varier les climats pour que l’auditeur ne ressente pas le poids du temps qui passe. En effet, il faudra tout de même s’enquiller neuf chansons pour une bonne cinquantaine de minutes de musique effective, ce qui est clairement trop dès lors que l’ennui pointe le bout du nez. Mais l’on ne s’ennuie pas en écoutant «
Asklepios », on n’en a d’ailleurs pas l’occasion. Et pour cause, si le titre d’ouverture « Pestkreuzzug » (croisade contre la peste) ne vous emballe pas, inutile de poursuivre car le reste est à l’avenant. En revanche, si ce premier cap est passé, il est alors possible de se laisser happer par ces errances de souffrance. Nous imaginons sans mal, au fil des titres, les corps souffreteux ou agonisants, les déclamations d’
Alex Cluet correspondant idéalement à ce besoin de décrire la décrépitude de l’organisme, la vermine qui le ronge. Le choix de la langue allemande, je ne l’explique pas vraiment mais il est vrai que ses tonalités rugueuses, sa froideur naturelle, en font un parfait allié dans cette course à la noirceur.
A l’occasion d’un « Hundswut » (rage du chien),
THOD nous montre qu’il sait aussi jouer plus rapidement, la dimension
black prenant alors le dessus, mais c’est clairement dans ce genre de passages accélérés que le groupe est le moins percutant, sa marque de fabrique étant bien la capacité à exploiter toutes les possibilités d’une structure musicale monolithique. Et au petit jeu de la plus jolie malformation, « Kalkutta 1817 » remporte le grand prix du jury : complètement fumé dans sa structure et ses expérimentations sonores (sifflements guillerets, saxo mortifère, nappes de clavier, gros son de basse dont la ligne de dépareillerait pas dans un truc
jazzcore), c’est assurément (pour moi) le temps fort de l’album et je me prends alors à rêver que tout soit à l’avenant (Dominique). Plus court aussi, je le reconnais. Car l’exercice était périlleux et même si «
Asklepios » se montre globalement malin, et en cela nous pouvons remercier le jeu de basse percutant, les dérapages dissonants de la guitare voire les quelques incursions d’un saxo en roue libre, la trop grande linéarité du chant (certainement voulue) finit par me perdre quelque peu.
Je ne perds cependant pas de vue que ce n’est là qu’un premier album et qu’à ce titre il affirme déjà une personnalité peut-être clivante mais une personnalité quand même, là où tant d’autres musiciens s’engouffrent aveuglément dans des styles poncés jusqu’à l’os sans jamais rien apporter de plus. Il y a donc de grandes chances pour que l’avenir de
THOD soit pavé de mauvaises intensions à l’égard de nos tympans, je resterai attentif aux prochaines sorties car l’approche est originale.
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