chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
162 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Chat Pile - Cool World

Chronique

Chat Pile Cool World
Ça y est : la retenue que je pouvais avoir concernant Chat Pile sur God’s Country n’a plus lieu d’être. Comment rester de marbre, faire la fine bouche, quand on a dans ses oreilles telle œuvre qui lâche constamment la bride, éclate les murs stylistiques, présente la substantifique moelle de notre époque ?

On se calme. On n’est pas chez Télérama ici. Oui, l’envie de porter aux nues Cool World (vous pensez à un film d’animation bizarre avec Brad Pitt ? C’est voulu) est là, d’en faire un dithyrambe sur plusieurs lignes, de citer les nombreux groupes dont on retrouve ici les traces, comme un rêve mouillé de fan de musiques bruitistes de longue date (allez, pour le plaisir : Korn, Godflesh, Daughters, Will Haven, Bodychoke, Jesus Lizard, Hangman’s Chair, 16, Pop. 1280… et tant d’autres). D’applaudir cette atmosphère crue, présente tout le long malgré une richesse de chaque instant, montrant qu’il n’y a pas ici qu’une recherche de plaisir immédiat de geek coincé dans les nineties. Qu’il y a un discours, une intention de se faire planche d’anatomie de névroses modernes, bien actuelles.

Mais on se calme. On est sur Thrashocore ici. Donc on va pointer du doigt ce qui surnage sur Cool World, ces instants où le néo metal se pare de toute sa puissance glauque (« I Am Dog Now » ; « Camcorder »), où l’industriel déroule une grisaille mentale, ciment frais dans les synapses (« Frownland »), où les refrains s’habillent d’une élégance gothique, apôtres de la décadence (« Shame » ; « Masc » ; « Milk of Human Kindness »). On notifie et on se rend compte qu’on pourrait citer chaque passage ou presque, tant on ressort ébahi par tant de fluidité, d’évidence, dans ce melting-pot d’éléments hétérogènes sur le papier magiquement réunis (« Funny Man » et « Tape » en preuves cinglantes).

On ne se calme plus. Franchement, on n’en a pas le désir, quand cela fait aussi longtemps depuis la dernière fois qu’on a croisé un album dont on pense qu’il fera date. Un coup de pute comme on les aime, Chat Pile abandonnant un peu l’école noise rock dont il était un élève assidu pour se faire un groupe-total, bourré de références (hasard du calendrier, l’album sort jour pour jour trente ans après le premier album de Korn, comme une filiation involontaire) mais désormais plus que simplement « doué ». On n’en a pas le désir, quand cela fait des semaines que les paroles scandées par Raygun Busch tournent dans notre crâne (« Must’ve been a dream I was having / Must’ve been all inside my head » sur « The New World » ; « They made tapes / It was the worst I ever saw » sur « Tape »).

On s’emporte, donc. On l’avoue, on trouve dans ses hallucinations de meurtres, ses images de creepypastas, ce palais mental de Ricains écrasés par le capitalisme qui meurt et la fin du monde qui naît, un lien qui dépasse la musique. Du genre qui n’améliore pas les choses mais qui fait un bien fou. Merci à cette immédiateté – deux écoutes suffisent pour être obsédé – qui n’oublie pas la profondeur, à cette porte directement ouverte qui fait entrer dans une maison des feuilles où l’on ne cesse de découvrir de nouvelles pièces, là une rythmique particulièrement entêtante, ici un riff qui fait le pont entre groove et concassage, sur l’ensemble une production idoine, sèche, puissante, aérienne, un organisme à part entière qui bouge, respire et gaine quand il le faut.

On arrête. Il y a assez de factuels dans ce tour de passe-passe pour dire que l’on tient là un disque important : ce syncrétisme nineties qui sonne furieusement contemporain ; ces compositions à tiroirs qui n’oublient jamais d’accrocher ; ces alternances de chant, hurlé, susurré, crooné même ; cette attention à balancer toujours un riff qui éteint toute critique… Bien sûr, la subjectivité sera toujours ce qu’elle est, trouvant que cela va trop loin par exemple, cherche à contenter tout le monde mais ne va jamais à fond quelque part. Pour ma part, je vais assumer la mienne : Cool World est là pour me marquer durablement comme un album-repère des années 2020.

Des fois, on ne peut que s’emporter.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Chat Pile
Industrial Noise Rock / Hardcore / Nu Metal
2024 - The Flenser
notes
Chroniqueur : 9.5/10
Lecteurs : (4)  8/10
Webzines : (2)  9.59/10

plus d'infos sur
Chat Pile
Chat Pile
Industrial Noise Rock / Hardcore / Nu Metal - 2019 - Etats-Unis
  

tracklist
01.   I Am Dog Now  (03:53)
02.   Shame  (03:45)
03.   Frownland  (03:55)
04.   Funny Man  (03:30)
05.   Camcorder  (06:23)
06.   Tape  (04:12)
07.   The New World  (04:30)
08.   Masc  (04:09)
09.   Milk Of Human Kindness  (04:49)
10.   No Way Out  (03:35)

Durée : 42:44

line up
parution
11 Octobre 2024

voir aussi
Chat Pile
Chat Pile
God's Country

2022 - The Flenser
  

Essayez aussi
Uniform
Uniform
American Standard

2024 - Sacred Bones Records
  
Bodychoke
Bodychoke
Cold River Songs

1998 - Relapse Records / Purity
  
Uniform
Uniform
The Long Walk

2018 - Sacred Bones Records
  
Saison de Rouille
Saison de Rouille
Déroutes Sans Fin

2014 - Autoproduction
  
Daughters
Daughters
You Won't Get What You Want

2018 - Ipecac Recordings
  

Album de l'année
Despise You / Agoraphobic Nosebleed
And On And On ... (Split-CD)
Lire la chronique
Wurmian
Immemorial Shrine
Lire la chronique
Mortuaire
Monde Vide
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Avril 2025
Jouer à la Photo mystère
Acid King
Beyond Vision
Lire la chronique
Slowhole
Slowhole
Lire la chronique
Nortt
Dødssang
Lire la chronique
Dissolution Tour 2025
Lunar Tombfields + Mourning...
Lire le live report
Sidetracked
No Return
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Avril 2025
Jouer à la Photo mystère
Idiot Child
The First Breath Is the Beg...
Lire la chronique
Mantar
Post Apocalyptic Depression
Lire la chronique
Contemplation
Au bord du pr​é​cipice
Lire la chronique
Entretien avec Brokenheads
Lire le podcast
Entretien avec Repurgator
Lire le podcast
Mediated Form / Sidetracked / Idiot Child / Decorticate / Filthcrawl
Post-Traumatic Stress Dysfu...
Lire la chronique
Purification
Elphinstone
Lire la chronique
Hangman's Chair
Hope /// Dope /// Rope
Lire la chronique
Karyorrhexis
Graven Odes (Démo)
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Mars 2025
Jouer à la Photo mystère
Moloch
A Bad Place
Lire la chronique
Reekmind
Mired In The Reek Of Doom
Lire la chronique
High On Fire
Cometh the Storm
Lire la chronique
High On Fire
Death Is This Communion
Lire la chronique
La photo mystère du 2 Mars 2025
Jouer à la Photo mystère
16
Guides for the Misguided
Lire la chronique
High On Fire
Blessed Black Wings
Lire la chronique
Carcinoid
Encomium To Extinction (EP)
Lire la chronique
Primordial
How It Ends
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Février 2025
Jouer à la Photo mystère
Undergang
De Syv Stadier Af Ford​æ​rv...
Lire la chronique