Nogothula - Telluric Sepsis
Chronique
Nogothula Telluric Sepsis
Originaire de Cincinnati dans l’Ohio, Nogothula voit le jour en 2021 à l’initiative d’Eric Payne (chant, guitare) et Colton Deem (chant, basse). Déjà occupés à gratter ailleurs, les deux hommes ont eu à coeur de mettre sur pied un projet un petit peu différent de ces groupes dans lesquels ils évoluent encore aujourd’hui l’un et l’autre (Verment pour le premier, Valdrin pour le second). Après avoir embauché un troisième larron (Alex Hooper) en charge de la programmation d’une boîte à rythme, le groupe américain s’est attelé à la composition et à l’enregistrement d’un premier EP. Un disque intitulé Gore Vortex Ascension paru en janvier 2022, d’abord en autoproduction et au seul format cassette puis quelques mois plus tard en CD grâce au soutien du label italien Death Metal Industry (Afterbirth, Perfidious, Syphilectomy, Skulmagot...).
De retour cette année avec sous le coude un premier album baptisé Telluric Sepsis, le groupe américain (devenu quatuor avec l’arrivée dans les rangs de la formation d’un second guitariste en la personne de Nick Moeller) a dû une fois de plus composer avec les moyens du bord puisqu’avant d’être édité par le label suédois Blood Harvest Records qui depuis trois mois en multiplie les sorties (cassette en octobre, CD en novembre et vinyle en décembre), celui-ci n’était disponible que sous forme dématérialisée... Un album qui ne devrait pas manquer d’attirer le regard grâce (ou à cause selon votre appréciation de l’oeuvre en question) d’une illustration chargée, tout en couleurs et peut-être aussi un petit peu brouillonne que l’on doit au Suédois Niklas Persson Webjörn. Un nom qui ne vous dit probablement pas grand chose mais qui a récemment signé l’artwork du dernier album de Portrait intitulé The Host.
Enregistré en grande partie par les membres de Nogothula (à l’exception de la batterie qui n’a ici rien d’un boite à rythmes) puis passé entre les mains de Noah Buchanan dont je vous ai parlé récemment dans le cadre de ma chronique du premier album de Noxis, Telluric Sepsis a pour lui une production engageante peut-être pas aussi sexy que celle de Violence Inherent In The System (la faute en grande partie à une basse un petit peu moins expressive) mais suffisamment puissante, équilibrée et naturelle pour faire de chaque écoute un moment particulièrement plaisant.
Sans grande originalité mais avec ce qu’il faut de talent et de conviction, Nogothula nous offre avec ce premier album un Death Metal contemporain dont les racines sont à chercher du côté de certains grands anciens (pas mal de séquences font effectivement écho de manière plus ou moins directe à des groupes tels qu’Incantation ou Morbid Angel) mais dont l’écriture plus moderne et brutale colle bien davantage à l’air du temps (certains moments ne sont pas sans rappeler par exemple un groupe comme Nile). Ainsi, entre ces dissonances discrètes (les premières mesures d'"Awakening", "Catacomb Cauldron" à 0:22, "Lacerating Vibrations" à 2:47, les premières secondes de "Labyrinthian Sunken Spires", le début de "Meandering Comatose Twilight...The Carrion Viaduct" ainsi que plusieurs autres courtes séquences), ces doubles vocalises contrastées proposées sous forme de joutes verbales tout au long de ces quarante-deux minutes et ces sonorités Black Metal offertes avec ce qu’il faut de parcimonie, le groupe américain parvient donc à tirer son épingle du jeu en faisant en sorte de ne jamais céder à la facilité ou à un mimétisme éhonté. Un pari qui lui réussit plutôt bien puisque Telluric Sepsis, sans rien révolutionner dans le genre, s’impose pourtant comme un disque bénéficiant d’un capital "fraîcheur" relativement élevé.
Pour le reste, ce premier album est également marqué par une cadence particulièrement soutenue avec effectivement une grande majorité de séquences menées le couteau entre les dents. Généreux en blasts, Alex Hooper se montre à ce titre d’une efficacité exemplaire. Lui qui avait fait du bon boulot il y a deux ans avec cette boîte à rythmes s’en sort ici particulièrement bien derrière les fûts, distribuant ainsi ses coups et ses attaques avec force, endurance et conviction. Mais si Telluric Sepsis est effectivement un disque mené tambour battant, il n’en reste pas moins un disque contrasté grâce à de nombreux passages plus nuancés. De "Chaospore" à 1:24 à "Catacomb Cauldron" à 0:44 et 1:57 en passant par "Lacerating Vibrations" à 2:47, "Observers Of Perpetual Rot" à 0:33, "Labyrinthian Sunken Spires" à 2:36 et ainsi de suite, les baisses de régimes consenties par Nogothula tout au long de ces quarante deux minutes ne manquent pas et permettent d’amener ce qu’il faut de relief et de variété à un album qui sinon aurait probablement souffert d’une trop grande linéarité.
Enfin on appréciera également le soin apporté aux ambiances dans lesquelles se drape Telluric Sepsis. Des ambiances qui passent pour l’essentiel par l’usage de nappes synthétiques comme c’est le cas sur la seconde partie d'"Awakening", la dernière minute de "Lacerating Vibrations", "Morbid Seas Of Stygian Blood" à 3:10 ou bien encore lors des premiers et derniers instants de "Meandering Comatose Twilight...The Carrion Viaduct". Des atmosphères lointaines et diffuses qui vont conduire l’auditeur dans les profondeurs obscures et glaciales de l’espace… Alors certes, tout cela n’est pas nouveau mais celles-ci étant bien amenées, on se laisse tout de même facilement prendre au jeu.
Si en ce qui me concerne Telluric Sepsis ne se hissera pas dans la catégories prisée des albums de l’année, ce premier album de Nogothula n’en reste pas moins une bonne surprise et surtout un disque convaincant qui ne devrait pas manquer de séduire les amateurs de Death Metal adeptes de ce genre de brutalité à la fois moderne et vaguement dissonante désireuse néanmoins de jeter régulièrement un coup d’oeil dans le rétroviseur. Car si les Américains ne révolutionneront pas le petit monde du Death Metal avec leur musique inspirée par quelques noms bien connus, il n’en reste pas moins que sa formule possède un petit truc supplémentaire lui permettant d’amener un soupçon de fraîcheur à une recette pourtant très peu portée sur le changement, la nouveauté et l’originalité.
| AxGxB 30 Décembre 2024 - 402 lectures |
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