Karyorrhexis - Graven Odes
Chronique
Karyorrhexis Graven Odes (Démo)
Permettez-moi de vous emmener aujourd’hui en Australie à la découverte non pas de son bush aride et inhospitalier, de ses Aborigènes et de sa faune digne d’un film de la saga Starship Troopers mais de Karyorrhexis, formation a priori relativement récente dans laquelle on retrouve Brandon Gawith que certains d’entre vous ont peut-être déjà vu et/ou entendu derrière les fûts de Cemetery Urn, Eskhaton et Hobbs Angel Of Death. À l’occasion de ce nouveau projet, notre homme est accompagné du multi-instrumentiste C.Johnston responsable d’à peu près tout à l’exception évidemment de la batterie. Fomentant dans l’anonymat le plus total leur premier coup, les deux Australiens viennent de sortir le mois dernier leur toute première démo. Une cassette intitulée Graven Odes qui, j’en mets ma main à couper, ne devrait pas longtemps rester disponible à ce seul format. Oui, tant pis pour le suspens mais Karyorrhexis vient de sortir l’une des plus chouettes démo de ces dernières semaines et probablement l’une de celles dont on parlera encore à la fin de l’année.
Parue avec les moyens du bord et sans le soutien financier d’un quelconque label (ce qui là aussi devrait à mon avis rapidement changer), Graven Odes a été enregistré par Nathan Barrow puis mixé et masterisé au World Tree Forge Studio de Brisbane (Consummation, Mongrel’s Cross, Runespell). Mais au-delà de cette production absolument impeccable (abrasivité, caractère, lisibilité et puissance se mêlant pour un résultat effectivement exempt de véritable défaut), ce qui m’a surtout interpelé à la découverte de cette première démo ce sont cette très chouette illustration (une œuvre baptisée "The Great Reaper") empruntée à l’artiste peintre Stevan Aleksić et ce logo plutôt engageant qui tous les deux ont su susciter chez moi pas mal de curiosité. Un vilain défaut que j’ai bien fait d’assouvir puisque comme vous allez pouvoir le lire ci-dessous et comme vous l’avez probablement déjà compris, Graven Odes est ce que l’on appelle une excellente surprise.
Plutôt généreuse, cette première démo compte cinq titres pour une durée qui avoisine tout de même la trentaine de minutes. Comme la majorité de ce qui sort aujourd’hui dans nos domaines de prédilections et cela quels qu’ils soient, l’originalité n’est ici pas vraiment de mise. Mais comme toujours quand le résultat s’avère aussi probant, cela n’a finalement que bien peu d’importance. Affiché comme un groupe de "Blackened Death Metal" sur Metal Archives, j’aurai tendance à ranger la musique des Australiens tout simplement dans la bonne vieille catégorie Death Metal avec, il est vrai, quelques relents Black dispensés ici et là sans que cela soit pour autant un ingrédient majeur. Dès lors, si l’on devait jouer au petit jeu des comparaisons, je dirais que la musique de Karyorrhexis m’évoque beaucoup celle d’un groupe comme Immolation pour la densité de ses attaques, pour le caractère intriqué de ses compositions, pour le riffing riche, vif et tortueux et pour ses ambiances fuligineuses et implacables qui font effectivement pas mal écho à ce que l’on peut retrouver sur les récents albums du groupe américain. Je pense par exemple à des passages comme ceux entendus sur "Abyschasse" à 1:53 et 4:01, "Iron Redoubt" à 0:17, 0:46 puis de nouveau aux alentours de 3:55, "Dawnless Epoch" à 3:40 de façon assez brève ou "Terminus Est" à 1:12 et 3:13 qui ne devraient pas manquer de vous hérisser le poil d’enthousiasme et de satisfaction si effectivement vous êtes friands de la musique du groupe new-yorkais en particulier et du Death Metal de patron en général.
La nuance qu’apporte cependant Karyorrhexis sur Graven Odes concerne quelques prédispositions en matière de sonorités Doom qui se traduisent par la présence de quelques séquences tantôt plus funéraires et/ou mélancoliques ("Iron Redoubt" à 3:17, la première moitié de "Dawnless Epoch", "Terminus Est" aux alentours de 3:00 et surtout 4:34...), tantôt plus groovy (les premières mesures d'"Abyschasse" répétées par la suite ou les dernières cette fois-ci plus chaloupées de "Dawnless Epoch") afin d’insuffler comme toujours une dose de contraste et qui donnent lieu presque naturellement à des compositions beaucoup plus longues puisqu’à l’exception de "Cairn" qui fait office d’interlude instrumental particulièrement réussi, chaque morceau est tout de même affiché à plus de six minutes.
Si tous ces moments participent évidemment au charme de cette première démonstration, d’autres éléments plus discrets contribuent à faire de Graven Odes une sortie de choix. Le growl profond et rugueux de C.Johnston permet comme souvent de poser des bases solides ainsi qu’une certaine atmosphère caverneuse qui d’emblée va venir imprégner chaque composition d’une chape de plomb à la fois oppressante et monstrueuse. Le soin accordé aux mélodies souvent sinueuses mais parfois aussi plus mélancoliques n’est pas à occulter. Que ce soit sous forme de leads ou de solos, Karyorrhexis trouve toujours la juste formulation afin d’apporter encore un petit peu plus de profondeur à ses compositions.
Première démo particulièrement intéressante, Graven Odes possède tout ce qu’il faut pour séduire l’amateur de Death Metal dense, suffocant et parfois même presque dissonant. Certes, on pense effectivement pas mal à un groupe comme Immolation surtout dans les instants les plus intenses dispensés tout au long de cette petite demi-heure particulièrement chargée mais d’une, on a déjà connu comparaison nettement moins flatteuse et de deux, Karyorrhexis ne se contente pas de nous offrir une simple relecture d’une formule qui ne lui appartient pas puisque le duo australien a en effet choisi d’y apporter quelques variations plus personnelles (ces quelques accents Black (un peu) et Doom (surtout)) afin d’éviter la copie pure et simple. Bref, j’arrête de me répéter mais voilà une excellente démo que j’espère voir un jour éditer en CD (ou même en vinyle) et qui surtout appelle à une suite encore un petit peu plus généreuse et, on l’espère, au moins aussi réussie. Bravo messieurs !
| AxGxB 18 Mars 2025 - 512 lectures |
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