Bon sang, mais comment se fait-il qu’ils ne soient signés nulle part ? Svart Records n’a pas eu l’information ? Rise Above fait dans l’anti-américanisme ? I Hate ne sort définitivement plus rien de bon ? Heavy Psych Sounds ne trouve pas ça assez heavy ou psych ? Profound Lore est trop occupé à dénicher du death abscons ou du post-punk bizarroïde ? Je n’y comprends plus rien…
C’est à croire qu’on ne mérite définitivement pas Purification, ce groupe qui ne cesse de m’épater de sortie en sortie. Tout le monde est au courant depuis quelques années par ici : une formation de doom s’avère aussi active que créative, aussi traditionnelle que personnelle, aussi constante que changeante dans ses humeurs. Et cette formation, c’est la bande de Portland !
Elphinstone n’est toujours pas le faux-pas que l’on craint à chaque fois les voir sortir, pas même un petit coup de mou ou une capitalisation sur les délices déjà fournis auparavant ; il est une œuvre jouissive, aventureuse, pleinement codifiée et malgré tout avec une fraîcheur peu commune. Encore ! Avec la petite saveur supplémentaire aux révérences au Reverend Bizarre, au psychédélisme de
The Exterminating Angel et à la mélancolie qui coule ses larmes avec langueur de
Dwell in the House of the Lord Forever – le maquillage aux coins des yeux à base de khôl gothique, fier et ténébreux.
Elphinstone s’habille de blanc sur sa pochette ? Il peindra le reste en noir, la voix de Marshall William Purify grave et distante, dominatrice et séductrice. Une direction qui s’inscrit naturellement chez Purification – on se remémore les quelques exemples d’élan aux ailes démoniaques et viriles tel que « On Earth As It Is » –, rappelle que le doom metal a toujours été proche de ce cousin peinturluré aux repas de familles (The Wizar’d en haut de la liste des souvenirs). Mais les Ricains ne sautent dans aucun wagon au point d’oublier leurs origines ; ils font cela avec une délectation qui a toujours été leur marque à eux, les départageant des opportunistes. Dur, vrai et pur : Purification l’est toujours, jointant heavy metal, rock psychédélique, ambient – pas le meilleur virage du disque, les mirages de gloire alourdissant (négativement) l’ensemble – sous l’égide du doom. On reste impressionné par ces grands écarts qui sonnent naturels, l’envie d’écrire de belles compositions au-dessus du reste, des titres comme « Within The Chapel Perilous » et « Elevator To The Gallows » s’écoulant avec fluidité derrière les sauts périlleux.
L’atmosphère est au recueillement vécu dans la joie, au solennel qui ne peut s’empêcher de sourire en coin (la ricanante « Crucifix In A Death Hand »), au « Do What You Will » arrogant et conquérant.
Elphinstone dure plus d’une heure et paraît arriver à son terme bien vite, émerveillé que l’on est à son écoute. Le doom dilate le temps ? Purification le fait oublier, éberluant de riffs prenants (l’élévation de tempo « Drogheda Massacre » fait l’effet d’un ventilateur en pleine canicule) jusqu’à un final qui ouvre grand les portes de la félicité (« Bliss of Evil / The Bad Sleep Well » possède la meilleure conclusion entendue depuis un moment).
Sensuel aussi dans sa production qu’il a ample, souple dans ses différents climats éthérés et rongés tout en gardant un grain issu d’autrefois,
Elphinstone tient du miracle. Un constat que l’on fait à chaque fois que l’on voit paraître un nouvel album de Purification, tant on dirait le groupe au bord de s’arrêter, embourbé dans les galères et le silence l’entourant. Qu’on les signe au plus vite pour qu’ils aient enfin la reconnaissance qu’ils méritent !
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