Je ne sais pas quelles professions les trois garçons derrière Morbific exercent au quotidien mais une chose est sûre, ils doivent avoir quelques soirées et week-end de libres quand je vois à quelle vitesse ces derniers sont capables de composer. Moins de cinq ans après leur toute première démonstration, ces derniers sont aujourd’hui de retour avec ce qui n’est autre que leur troisième album. Un disque intitulé
Bloom Of The Abnormal Flesh paru le mois dernier sous les couleurs une fois encore des labels Memento Mori (CD), Me Saco Un Ojo Records (vinyle) et Headsplit Records (cassette).
Comme on ne change pas une équipe qui gagne, Morbific a une fois encore sollicité les talents de l’Américain Chase Slaker (guitariste de Caustic Wound et de Mortiferum et illustrateur discret mais néanmoins doté d’une certaine patte) afin de réaliser l’artwork de ce nouvel album dans un style en effet toujours aussi remarquable. Un disque un poil plus généreux que ses deux prédécesseurs (
Ominous Seep Of Putridity et
Squirm Beyond The Mortal Realm) affichés respectivement à trente-deux et trente-sept minutes puisque celui-ci compte onze morceaux (dont une relecture du titre
"Promethean Mutilation" présent sur le EP du même nom sorti l’année dernière) pour près de trois quarts d’heure d’un Death Metal toujours aussi baveux et dégoulinant.
En effet, si vous avez déjà posé vos oreilles sur la musique de Morbific, vous devez savoir que le trio finlandais n’a jamais eu la prétention de révolutionner quoi que ce soit lui qui n’a jamais caché son amour entier et indéfectible pour un certain Autopsy. Sans surprise,
Bloom Of The Abnormal Flesh suit donc le même chemin que tout ce qu’a pu sortir le trio jusque-là sans se soucier véritablement d’y apporter un soupçon de fraicheur et de nouveauté.
Ainsi comme ses ainés, ce troisième album est servi par une production particulièrement rugueuse et croustillante qui d’emblée donne une saveur toute particulière à ce Death Metal volontairement cradingue. D’ailleurs j’ai cru comprendre en lisant une publication Facebook du tenancier de Me Saco Un Ojo Records que les choix faits en la matière par Morbific leur avaient régulièrement valu, à lui et au groupe, tout un tas de remarques plutôt négatives. Le fait est que je la trouve toujours aussi judicieuse au regard du genre pratiqué par nos trois Finlandais et que cette nature dépouillée, un brin déglinguée et faussement fauchée participe évidemment aux charmes de ce Death Metal pour le moins primitif.
Bien évidemment, au-delà de cette production abrasive et rudimentaire, d’autres caractéristiques contribuent à l’intérêt d’une telle musique. Comme toujours avec Morbific, le Death Metal du trio se partage à part non-égales entre séquences mid-tempo particulièrement groovy lors desquelles on ne manquera pas de se déhancher ("Smut Club (For The Chosen Scum)" à 0:13, "Menagerie Of Grotesque Trophies" à 1:16,
"Promethean Mutilation" dès les premiers instants, "Womb Of Deathless Deterioration (Trapped In The Essence Of Putrescence)" à 0:31, "From Inanimate Dormancy" à 1:27...), accélérations jamais très brutales mais suffisamment rythmées afin d’apporter ce qu’il faut de contraste et au passage faire remuer nos têtes à l’unisson ("Smut Club (For The Chosen Scum)" à 1:45, le très agité "Panspermic Blight" aux relents Bolt Throweriens, "Menagerie Of Grotesque Trophies" à 2:14,
"Promethean Mutilation" à 2:51, "Crusading Necrotization" à 2:43...) et à l’inverse moments beaucoup plus lourdingues et écrasants afin là encore de nuancer son propos et ainsi varier les plaisirs de manière encore plus significative ("Smut Club (For The Chosen Scum)" à 0:59 et 2:01, la première minute de "Menagerie Of Grotesque Trophies" puis plus loin à compter de 2:25, "Womb Of Deathless Deterioration (Trapped In The Essence Of Putrescence)" à 2:38, "Crusading Necrotization" et ses premiers instants boursoufflés, "Bloom Of The Abnormal Flesh (A Travesty Of Human Anatomy)" et ses six minutes globalement écrasantes...). Bref, de quoi rendre ces quarante-cinq minutes suffisamment attrayantes et ne jamais trouver le temps trop long.
Sensiblement plus long que ses deux prédécesseurs,
Bloom Of The Abnormal Flesh va mettre effectivement l’emphase sur les séquences plus lourdes et atmosphériques (d’ailleurs nous avons même le droit à un court interlude instrumental avec le titre "Stifling Stagnant Reek") sans pour autant se départir de ce groove putride, de ces attaques plus ou moins nerveuses et de tout ce qui jusque-là faisait le sel de Morbific. En tout cas rien de fondamentalement nouveau de la part des trois Finlandais qui poursuivent donc leur petit bout de chemin en continuant de rendre à leur manière hommage à un groupe comme Autopsy sans pour autant verser dans la pâle copie. Si vous êtes donc amateurs de Death Metal rance et baveux aussi à l’aise dans le groove que dans l’attaque ou dans la construction de parpaings écrasants, jeter une oreille attentive à la musique de Morbific ne devrait pas être une mauvaise idée.
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