J’avoue que depuis 2023 et la sortie de
« Nova Lvx », les Français de
Ǥứŕū étaient clairement sortis de mon radar : l’album n’est que peu revenu dans mes enceintes et, pour tout dire, j’avais même fini par l’oublier. Cependant, quelques changements de personnels plus tard, revoilà le désormais quatuor avec cinq longues (entre six et dix minutes) nouvelles compositions, toujours dans ce registre
black doom metal qui faisait la délicieuse saveur du premier essai. Bonne nouvelle, c’est
L’Ordalie Noire qui signe cette merveille.
Les influences que j’évoquais il y a deux ans sont toujours présentes. Les voix claires, prépondérantes ainsi que les atmosphères de décadence raffinée évoqueront évidemment
ARCTURUS là où certaines ambiances davantage horrifiques pourront nous renvoyer au bon vieux temps des Italiens de
CULTUS SANGUINE (« Man-Eating Shapeshifter » par exemple) mais ce que je note surtout en comparaison des débuts c’est un renforcement des parties
doom au sens classique du terme, à l’image d’un titre tel que « Return to Sagittarius » dont les vapeurs psychédéliques le poussent du début à la fin vers l’excellence pour en faire l’un des temps (très) forts de cette sortie. Aussi, et ce à ma plus grande surprise, c’est dans ce style traditionnel que les musiciens m’emportent le mieux, notamment grâce au talent vocal de
Jerry. Son approche théâtrale ainsi que sa capacité à aussi bien utiliser le chant extrême que clair confèrent une aura, ce fameux supplément d’âme de Bergson, à chacune des compositions, sentiment qui ne m’avait pas autant marqué en 2023 alors que la performance était déjà de haut niveau.
En fait, tous les aspects positifs que j’avais pu noter alors sont ici bonifiés, transcendés, avec une accentuation des contrastes : plus d’obscurité lors des saillies
black metal, plus de profondeur lors des descentes vers les failles temporelles du
doom mais également des accents marqués de
CODE, l’album
« MUT » notamment, que j’ai toujours beaucoup apprécié. Autrement dit, à travers ce «
Revel in the End of the World »,
Ǥứŕū est parvenu à écrire un magnifique syncrétisme des genres, approchant de la perfection. Il nécessitera certes un peu d’ouverture d’esprit mais, une fois adopté, il ne délivrera que des merveilles. Allez, si j’osais, j’irais jusqu’à dire qu’il y a du
ANOREXIA NERVOSA au sein du morceau éponyme, la cérémonie expurgatoire s’achevant avec le majestueux « Divination in the Bowels » : vocalises superbes, tension émotionnelle tout du long avec cette montée dingue qui part de 05:42 et qui s’achève dans un cri 06:50 sur un riff plombé, du putain de beau boulot, le type de composition qui sonne l’auditeur.
Outre les qualités musicales indéniables, je retiendrai surtout le parfait équilibre entre les différents mondes abordés ainsi que la grande subtilité des arrangements. D’un côté, nous avons certes une musique plutôt lente baignant dans une atmosphère de fin du XIXème siècle mais en évolution permanente : les idées, aussi bonnes soient-elles, ne sont que rarement répétées, chaque titre se vivant comme un acte progressant vers un dénouement. De l’autre, nous avons une fusion parfaitement dosée de traditionnel et d’avant-garde. Enfin, il y a une personnalité assez unique qui se dévoile au fil de «
Revel in the End of the World », pas marginale mais à part. C’est dans tous les cas, je l’espère, bien davantage qu’un simple projet annexe.
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