Dix ans ou presque après sa toute première démo, Ossuary se décide enfin à passer la seconde avec la sortie la semaine dernière d’un premier album naturellement très attendu par tous ceux ayant déjà croisé précédemment la route de ces trois Américains. Intitulé
Abhorrent Worship, celui-ci a vu le jour sous les bannières des labels Darkness Shall Rise Productions (CD, cassette) et Me Saco Un Ojo Records (vinyle) et ne devrait pas manquer de susciter un brin de curiosité grâce à cette illustration pour le moins atypique que l’on doit à leur compatriote Morgan Sorensen (aka See Machine : Dormant Ordeal, Planet Of Zeus, Strung Out, Shobek...). Artiste à la patte très personnelle, ce dernier nous offre à cette occasion une oeuvre particulièrement graphique mettant en scène de manière léchée et artistique ce qui n’est paradoxalement qu’une horrible scène de torture pour le moins sanguinolente. Naturellement, on peut ne pas apprécier ce genre de réalisation mais il faut bien avouer que celle-ci a le mérite de sortir des sentiers battus tout en restant fidèle à une certaine esthétique.
Composé de seulement six morceaux,
Abhorrent Worship interpelle également par la présence de deux "anciennes" compositions puisque l’on va en effet retrouver "Forsaken Offerings (To The Doomed Spirit)" et "The Undrownable Howl Of Evil" tous les deux issus du EP
Forsaken Offerings paru deux ans plus tôt. Alors oui, je vous avoue quand même que cela m’a fait quelque peu grincer des dents même s’il s’agit de versions légèrement revues et corrigées et bien évidemment ré-enregistrées pour l’occasion (d’ailleurs à ce titre, notons que la production plus abrasive, plus puissante et plus équilibrée permet à ces morceaux de gagner tout de même en intérêt là où précédemment je les trouvais un poil en deçà de ce à quoi le groupe nous avait jusque-là habitués). Bah oui, que voulez-vous, après une décennie passée à jouer les petits bras à coups de démos et autres EP, j’attendais quand même d’Ossuary qu’il ne tombe pas dans la redite facile pour ce premier album. Tant pis…
Mais ne boudons pas notre plaisir de retrouver le trio sur un format plus généreux car même si je maugrée sur la présence de compositions qui ne sont pas de toute première fraîcheur, je dois bien me rendre à l’évidence que
Abhorrent Worship est un très chouette et très convaincant premier album.
Ceci étant dit, ne vous attendez pas à de quelconques changements à l’écoute de ces trente-sept minutes puisque le groupe va se contenter (ce qui comme souvent est déjà bien suffisant) de renouer avec sa formule, celle d’un Death Metal rampant qui à défaut de révolutionner quoi que ce soit a notamment pour lui tout un tas d’atmosphères faisandées et vicieuses particulièrement saisissantes. Aussi, en dépit de quelques brèves exceptions lors desquelles Ossuary va très légèrement corser le ton (ne vous attendez en aucun cas à de franches rasades de blasts et autres coups de boutoirs virulents mais plutôt à de subtils changements de rythmes au profit de séquences effectivement un poil plus appuyées), c’est essentiellement au son de riff lents et caverneux que le trio va mener une fois de plus sa barque. Un rythme lancinant qui à défaut de bousculer l’auditeur et de l’inciter à se cogner violemment la caboche contre les murs va le conduire dans une sorte de transe hypnotique induite par ce fameux mouvement de tête continu tout simplement impossible à réfréner... Car ces riffs ont beau être ni très compliqués ni particulièrement remarquables (ce n’est clairement pas un reproche mais le jeu d’Isabell Nadia Plunkett a en effet toujours été tout ce qu’il y a de plus scolaire), ils n’en sont pas moins possédés et particulièrement sinistres.
D’ailleurs, il n’y a pas que les riffs d’Izzi qui le sont puisque madame Plunkett livre une fois de plus des lignes de chant incroyablement vicieuses. Un growl littéralement habité qui par ses intonations et autres râles lointains chargés naturellement d’un soupçon de réverb contribue à cet excellent travail d’atmosphères grâce auquel le Death Metal des trois Américains parvient une fois encore à briller et à convaincre. Eh oui, si vous choisissez d’opter pour une formule plus ou moins cousue de fil blanc, il faut alors vous assurer d’avoir dans votre équipe des gens compétents capables de faire oublier ce manque d’originalité. À ce petit jeu-là, si Matthew Jacobs et Nick Johnson font très bien leur travail mais sans pour autant se faire particulièrement remarquer, c’est bien Izzi qui se charge une fois encore de faire "rayonner" Ossuary dans le paysage Death Metal actuel grâce à un riffing simple et entêtant chargé d’atmosphères viciées (on retrouve d’ailleurs ici ces leads qui faisaient quelque peu défauts à
Forsaken Offerings) ainsi qu’à cette voix possédée et malaisante qui sournoisement va ramper derrière les autres instruments et nous susurrer aux oreilles des choses folles et cradingues.
Quelque peu agacé par la présence de deux anciens morceaux que j’avais trouvé sympathiques sans être renversants, j’ai effectivement abordé ce premier album avec quelques craintes et réticences. Cependant, aidé par une illustration probablement clivante mais que je trouve personnellement très réussie et en tout cas loin des sentiers battus et une production plus engageante que l’on doit à un certain Dustin Sisson,
Abhorrent Worship s’impose sans (presque) aucune difficulté comme l’album que nous étions en droit d’attendre d’Ossuary après toutes ces années à préférer des formats courts. Si vous êtes de ceux qui apprécient leur Death Metal rampant, vicieux et affreusement possédé, je mets ma main à couper sans trop me mouiller que vous devriez succomber aisément aux charmes rances d’Izzy Plunkett et de ses deux copains qui à défaut de révolutionner quoi que ce soit, tapent juste du début à la fin.
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