Si je doute fermement de l’appellation
black doom metal lue sur le Bandcamp de
TRIMARKISIA,
doom death me semblant bien plus adéquat à l’écoute des quatre titres qui composent «
The Light Keeper », cela ne remettra pourtant pas en cause le plaisir que l’on pourrait avoir à découvrir ce premier EP de près de trente minutes.
En effet, le genre qu’a choisi de pratiquer
Wilhelm, l’homme derrière le groupe, s’attire souvent les faveurs des anciens car renouant avec ce qu’ils pouvaient se mettre sous la dent à l’aube des années 90, notamment le trio magique de
Peaceville Records, à savoir
PARADISE LOST,
ANATHEMA,
MY DYING BRIDE. L’Albigeois cite également
KATATONIA ainsi qu’
OCTOBER TIDE parmi ses influences, uniquement des classiques donc mais peut-on vraiment lui en tenir rigueur ? Il reste qu’une fois que l’on a lancé ainsi en pâture une kyrielle de noms fameux, demeure la réalité musicale du projet.
Nous pourrons déjà noter le choix intelligent d’une pochette accrocheuse, peinture que l’on doit à
Albert Pinkman Ryder, artiste américain de la fin du dix-neuvième / début du vingtième siècle, connu pour ses toiles d’inspirations marines. C’est évidemment moins recherché qu’une illustration originale, c’est en revanche mieux que le boulot d’une IA, je plussoie. Quant aux compositions en elles-mêmes… Le musicien joue le jeu du
doom : des titres plutôt longs (de cinq à neuf minutes), sur des tempos majoritairement lents, c’est à peine si un
blast traverse quelques secondes « Aven ». Le chant se situe dans un registre
death audible si je puis dire, comprendre qu’il ne descend jamais dans les abysses du
funeral. De plus, l’homme évite également la répétition : si les chansons sont construites autour de peu de riffs, elles ne sont jamais redondantes car chacune a sa propre progressivité, bien aidé en cela par l’adjonction de nombreux arrangements, des claviers notamment, qui viennent enrichir une structure sinon réduite à l’essentiel. Alors oui ils sonnent parfois de façon un peu désuète mais cela ne porte pas préjudice à l’EP, ce dernier s’inscrivant déjà dans un style poussiéreux où l’on pardonne beaucoup de choses. Cela n’est donc en aucun cas un souci qui dénaturerait l’expérience, au contraire cela l’ancre davantage dans sa mouvance passéiste.
De plus, si j’occulte le fait que « The Light Keeper » se termine trop abruptement, avec un
fade out précipité qui frustrera l’auditeur, les trois autres compositions me semblent plus maîtrisées quant à leur conclusion. Cela a l’air anodin mais un final mal amené peut gâcher un disque. Pour le reste, je reconnais que le projet semble déjà assez mature dans ses objectifs ainsi que le choix des moyens pour les atteindre : la production a été soignée, l’instrumentation est carrée, le chant « propre » avec des lignes vocales soigneusement placées et, surtout, il y a suffisamment de variations dans les morceaux, d’ajouts enrichissants, pour que l’on ait envie de s’y intéresser et d’y accorder du temps.
Je ne surprendrai personne en disant que
TRIMARKISIA n’est pas encore au niveau de ses références, la formation s’attaque à un genre exigeant (ou devrais-je plutôt dire « à un genre où les fans sont exigeants ») mais, sincèrement, je ne vois objectivement aucun reproche particulier à faire à «
The Light Keeper ». Ok, il y a peu de chances pour que j’y revienne dans les semaines ou les mois à venir, il en va cependant de même pour des dizaines d’albums, ce n’est pas un critère discriminant. En effet, d’une j’écoute finalement assez peu de
doom (et plutôt du
funeral en l’occurrence), de deux il n’y a rien dans cet EP que je ne trouverais dans les formations citées en début d’article et auxquelles, par conformisme peut-être, je me réfèrerai lorsque l’envie d’une glace parfum 90’s me prendra. Néanmoins, rien de cela ne doit être un frein à la découverte de ce nouveau
one-man band car il contient suffisamment d’arguments mélodico-dépressifs pour justifier une oreille favorable, surtout si l’on est versé dans le
doom death à l’ancienne, mélodique comme il se doit.
En définitive, une sortie plutôt
cool, idéale pour se relaxer en fin de journée tout en évitant de repasser un album que l’on connaîtrait par cœur. Parfois, cela fait du bien d’entendre du neuf, cela redonne encore plus de saveur à l’ancien.
Par Ikea
Par Ikea
Par Lestat
Par Ikea
Par Jean-Clint
Par Lestat
Par Lestat
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par Troll Traya
Par Ikea
Par Jean-Clint