Ice Dragon - The Burl, the Earth, the Aether
Chronique
Ice Dragon The Burl, the Earth, the Aether
N’oubliez pas Ice Dragon. Je sais, le groupe n’est pas le premier à venir en tête quand le décompte des groupes de psychedelic doom metal vient, quand on cherche à se rappeler de ce sympathique groupe, vous savez, celui qui avait eu ses heures de réussite et qui ne manquait pas de charme, oh mais si, le « second couteau » là, vous ne voyez pas ?
Ice Dragon, lui, ne rentre même pas dans cette catégorie. Trop inconstant, trop peu inscrit dans un genre particulier le long de sa carrière, trop « bizarre ». Et surtout, Ice Dragon est arrivé à la fois trop tôt et trop tard.
Trop tôt, car à l’heure des Weedian et autres Heavy Psych Sounds qui font leur beurre de ce genre de syncrétisme doom / psychédélique / lo-fi, il aurait pu être un nom à retenir, en soi déjà plus discernable que les « witch - », « - fuzz » ou autres « dope - ». Seulement, le quatuor – à l’époque, rapidement devenu trio par la suite – a eu le malheur de naître plus de dix ans avant, galérant à sortir ses Cds autrement qu’en autoproduction ou avec d’obscurs labels n’ayant jamais eu la puissance de feu des actuels. On ne peut d’ailleurs que remercier PRC Music, aujourd’hui à l’arrêt, d’avoir ressorti au format disque ce qui autrefois était difficilement trouvable en dur. Point d’édition limitée chatoyante pour Ice Dragon, point de t-shirts à porter entre barbus de l’âge ancien…
Cela aurait pu. Mais il y avait aussi le handicap de venir après le doom canal historique, ainsi qu’à la suite de formations ayant pris tout l’espace. Cela sautera à la tronche de qui écoutera The Burl, the Earth, the Aether : Ice Dragon peut rapidement se cataloguer comme un suiveur d’Electric Wizard sans en avoir les attraits. Moins edgy, moins stupéfiant (dans tous les sens du mot), moins extrême et moins radical. Alors, pourquoi y retourner ? Pourquoi se le remémorer et même l’écouter avidement, comme cela est le cas pour moi actuellement ?
Pour plusieurs raisons, éclatantes une fois qu’on a passé l’âge de chercher l’expérience ultime, le choc, le jusqu’auboutisme qui fait se sentir vivant. Une fois qu’on a accepté d’aimer les canapés, les rêveries pour elles-mêmes, la tranquillité qui n’exclut pas la profondeur. Là, Ice Dragon trouve tout son intérêt, lui et son doom ancien, volontairement rétrograde au niveau de la production, d’une lourdeur paraissant ancestrale mais se vivant avec calme et spiritualité au-delà d’une quête d’épreuve physique. The Burl, the Earth, the Aether possède ceci, ce goût de la musique jouée pour elle-même et porteuse en elle-même de visions et de sentiments. Presque un Parnassien du doom psychédélique, il ne tient pas d’autres discours que l’amour de cette musique, la jouant avec plaisir au-delà de question de rigueur (qu’il n’a pas, conservant même les approximations dans ses enregistrements) ou de nouveauté.
Ce qui ne veut pas dire qu’il n’a aucune personnalité. Au contraire, Ice Dragon s’impose, presque sans le vouloir, dans ce style et ce, dès son premier album. Black Sabbath des débuts, oui, Saint Vitus période Wino, oui, Electric Wizard, oui, oui et oui, mais surtout – et cela ne m’a été révélé que récemment – une foi, une émotion palpable, une nonchalance intrinsèque rendant encore plus touchant l’exercice.
Voici ce qui transpire de The Burl, the Earth, the Aether, attendrissant véritable premier album – après un éponyme tellement confidentiel à l’époque qu’on le passe rapidement sous silence – qui compte ses hauts, ses bas, mais surtout désarme dans une générosité déjà palpable et que la longue discographie des Ricains ne taira pas, pourvoyeuse de délices variés, critiquables mais avec des pics poussant à laisser de côté les platitudes. Ne vendons ni la peau de l’ours, ni du rêve : Ice Dragon n’est pas ici encore à son plus poignant ; il vibre, présentant intact un amour du doom psychédélique et poussiéreux. Le début d’une longue histoire qu’il s’agit de se rappeler.
| Ikea 5 Juillet 2025 - 337 lectures |
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3 COMMENTAIRE(S)
citer | Ben le side-project d'Ice Dragon, déjà : Tentacle.
Mais ma plus grande fierté, et le premier que je leur ai fourgué je pense, c'est le disque de Clorange. |
citer | Ikea 06/07/2025 08:02 | note: 7/10 | gulo gulo a écrit : PRC était en effet un label de fort bonne volonté. J'avais réussi à leur faire sortir deux disques.
Ah oui, je m'en rappelle ! Quels disques déjà ? |
citer | PRC était en effet un label de fort bonne volonté. J'avais réussi à leur faire sortir deux disques. |
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3 COMMENTAIRE(S)
06/07/2025 09:05
Mais ma plus grande fierté, et le premier que je leur ai fourgué je pense, c'est le disque de Clorange.
06/07/2025 08:02
Ah oui, je m'en rappelle ! Quels disques déjà ?
05/07/2025 07:55