Blake Judd ne donne pas l’air de trop s’occuper de ce que les gens pensent de sa musique. On pourrait même dire que le talentueux musicien prend un certain plaisir à détourner les codes du Black sous couvert d’une expérimentation sans failles, ce qui lui a d’ailleurs permit d’atteindre une certaine renommée dans son pays d’origine. Le « top vente » d’un disque comme « Assassins : Black Meddle pt. 1 » a délibérément propulsé le groupe parmi les grands, engouffrant Nachtmystium chez les Headbanger’s Ball de MTV. Même si passer sur MTV n’est pas forcément un gage de qualité, je pense qu’il n’est pas usurpé d’attribuer au groupe le titre de valeur refuge du Black made-in-USA.
Si
« Instinct : Decay » et « Assassins : Black Meddle pt.1 » sont sans doute les deux disques déclencheurs du tournant plus moderne de Nachtmystium, on peut dire que « Addicts : Black Meddle pt.2 » est le travail le plus éloigné du Black Metal dans la carrière des américains. Pour faire simple vous ne trouverez presque rien de Black ici, excepté quelques blasts, riffs et gueulantes car le reste s’articule au moyen de guitares rock-stoner, de claviers psychédéliques et d’une voix qui se contente d’être poussée plutôt que hurlée. À tel point qu’on pourrait presque dire que cet opus est un disque de rock, tellement les éléments ancrés dans le Metal semblent lointains et étouffés par le reste.
Comme d’habitude Blake Judd sait s’entourer pour sortir des disques et outre le désormais classique Sanford Parker (préposé aux claviers Moog…), on notera la présence de Wrest de Leviathan derrière les fûts. Bon certes, ce n’est peut-être pas le meilleur batteur que le groupe ait connu mais on peut au moins dire qu’il est raccord avec le concept global du disque… Les plus finauds ou les adeptes de la bande de l’Illinois auront certainement remarqué bien vite le propos de cette œuvre qui est bien loin d’être une surprise : la drogue. Mais attention les yeux, une petite révolution est en marche puisque Nachtmystium traite ici le côté négatif de la drogue ! Bon certes nous sommes bien loin des préventions du ministère de la santé mais le trait est ici forcé sur l’addiction et non sur les visions positives des substances illicites. Forcément on trouve ici une atmosphère plus sombre, mélancolique, triste et moins exaltée que sur les autres disques du groupe. On remarquera d’ailleurs l’artwork qui tranche brutalement avec le précédent : Adios le trip psychédélique et bonjour le réalisme cadavérique de la junkie qui se pique…
Pour autant le concept reste bien présent même s’il se pare de noirceur car vous retrouverez ici les claviers distordus et les guitares mélodiques qui forment l’essence du Nachtmystium post-black. La différence c’est qu’ils ne stimulent pas l’esprit mais relatent une certaine réalité dramatique et dépressive, alternant la violence du manque (« High on Hate » et son titre au combien révélateur…) et la tristesse (« The End is Eternal »)… Puisqu’on est relativement amorphes quand on est toxicomanes, il paraît logique le groupe ralentisse un peu le tempo et propose des titres plus catchy, plus rock et moins rentre-dedans qui permettent de se fondre au mieux dans l’univers crasseux et non-stérilisé des salles de shoot underground. Un peu cra-cra mais relativement punchy pour conserver une certaine énergie, Nachtmystium jongle donc sur les deux tableaux avec une expérience déjà bien acquise qui permet la réussite de ce numéro d’équilibriste.
Comme d’habitude servies par une production impeccable, les parties musicales s’enchaînent comme autant d’évidences ce qui permet d’apprécier le disque comme un tout même si les morceaux s’écoutent aussi lorsqu’ils sont pris à part (grâce à leurs structures rock). Ceci dit, on pourrait parfois reprocher un côté assez flou qui donne parfois l’impression d’être noyé dans une masse de titres relativement identiques dans leur mode de composition. Si le début de l’album enthousiasme immédiatement l’auditeur, la fin semble un peu plus brouillonne -pour ne pas dire bâclée- ce qui rend le disque parfois un peu indigeste. Outre ce remplissage exhaustif, on observera aussi un Will Lindsay que je ne trouve pas au mieux (surtout quand on voit ce qu’il nous sort niveau lourdeur sur
« Silencing Machine ») à la basse. Heureusement, la durée plutôt courte permet de faire passer l’album sans que l’on ait envie de le couper avant la fin : un éclair de lucidité qui est le bienvenu !
C’est sûr, ces quelques défauts pénalisent lourdement l’impact que pourrait hypothétiquement avoir « Addicts », qui sonne finalement comme un travail correct mais inachevé. Les fans y trouveront leur compte via d’excellents titres (« Nightfall ») mais les amateurs moins aguerris verront sûrement la déception pointer le bout de son nez… Un disque à réserver aux fans du groupe.
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