chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
114 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Opium Warlords - Taste My Sword Of Understanding

Chronique

Opium Warlords Taste My Sword Of Understanding
Somme toute, l'exercice de poser des mots sur une musique est un peu vain. Fatras d'adjectifs, anecdotes, analyses, métaphores et autres outils de l'écrit ne sont que circonvolutions quand il s'agit d'aborder une œuvre s'adressant à nous dans un autre langage.

…Sauf quand il s'agit de doom et plus particulièrement de cet album d'Opium Warlords. Ce troisième jet de Sami Albert Hynninen, ex-Reverend Bizarre (entre beaucoup d'autres), s'aborde en effet comme de la littérature mise en musique plutôt qu'une succession de mélodies à placer sur l'échiquier. Taste My Sword Of Understanding est si déroutant dans sa forme qu'il rend ridicule l'habituel exercice de catégorisation – Doom traditionnel expérimental ? Doom avant-gardiste old school ? Allons, allons... – pour finalement laisser le regard se déporter de ses étagères à disques vers celles à livres.

Ce qui fait que, le concernant, je ne pense rapidement plus à un Reverend Bizarre rêveur où l'austérité s'appliquerait à d'autres sous-genres tels que le drone/doom, folk/doom et doom atmosphérique (tout en gardant une cohérence que la récurrence laisse deviner), qu'à mes exemplaires de J.K. Huysmans et Knut Hamsun, deux écrivains dont le premier est connu pour ses labiles essais de conversion et le second pour sa description d'une vie au milieu d'une nature sauvage où s'accepte le temps long, son ascèse et les maigres récompenses qu'offrent les saisons.

Deux bibliographies qui sont liées par le mot « pastoral », ses deux sens agraire et religieux, égale clef de voûte de Taste My Sword Of Understanding. Qu'il se fasse doux sur les tranquilles « The Solar Burial » et « In Melancholy Moonless Acheron », acrimonieux sur « The God In Ruins » ou victorieux sur « Mount Meru » et « The Self-Made Man » (seules compositions à rappeler pleinement le glorieux passé du Révérend), Hynninen imagine constamment son chemin de croix perdu au milieu d'un jardin anglais où les paysages luxuriants de végétations et ruines ne sont que les figurations de sa quête intérieure. Taste My Sword Of Understanding est sans conteste ce que le projet a sorti de plus accessible, l'expérience n'en est pas moins rude comme une traversée cherchant à faire naître l'illumination de la mortification. Si vous pensez à des élucubrations de ma part, je vous laisse lire cet entretien avec l'intéressé où se font des ponts entre sexualité et culpabilité ou mieux, écouter ces quelques soixante-douze minutes – durée qui est une preuve supplémentaire qu'il ne s'agit pas ici d'une partie de plaisir, ni même d'une chose à prendre « à la légère ».

Pourtant, lorsque s'accepte son parti-pris de forcer sa victime à écouter, réécouter, croire en la beauté de l'ensemble avant de la contempler, le tout dans un exercice religieux que la boulimie de nouvelles sorties avait presque fait oublier, Taste My Sword Of Understanding finit par s'inscrire comme un grand album de doom dans ce que celui-ci peut offrir de méticuleux, inaltérable et ardent. L'épique est certes laissé aux formats des morceaux donnant souvent dans le gargantuesque, quelques moments de grâce surgissent : « The God In Ruins » et ses paroles contant le malheur d'une divinité laissée seule par l'extinction de l'humanité, « The Self-Made Man » où se retrouve l'atmosphère d'un In The Rectory Of The Bizarre Reverend dans une version tout aussi sentencieuse mais lavée de toute chevalerie pour mieux embrasser la bure ou encore « This Place Has Been Passed » et sa paix douloureuse, fatiguée comme un mystique laissant ses nerfs à vif embrasser les ressacs d'un cours d'eau en bord de prairie... Autant de petits instants, payés chers, accentuant le sentiment d'effectuer un voyage âpre où naît le spirituel, ses apparitions se faisant plus fortes par contraste.

Je me sens tout de même obligé de préciser que Taste My Sword Of Understanding paraîtra pour quelques-uns maladroit, voire inconstant. J'ai moi-même quelques reproches à faire ici ou là, comme cette entame drone/doom mal placée qu'est « The Sadness Of Vultures ». Seulement, ceux préférant la recherche de la perfection à son accomplissement, ceux acceptant aisément les défauts d'un disque en raison de ce qu'il est capable d'apporter en retour ou simplement ceux appréciant leur doom minimaliste et fervent mais n'étant pas contre un peu de lumière auront tort de passer à côté de cette splendeur mal fagotée. Clairement, une œuvre dont le mystère continu interrogera certains. Un indice : il est question de Dieu et de l'homme, et de la relation compliquée entre les deux.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

6 COMMENTAIRE(S)

Invité citer
Aguirre
20/06/2014 12:23
Oui, ce gars et un génie et son statut de gourou et absolument justifié. J'ai peine à imaginer où en serait la scène trad sans Rev Biz... du Candlemass à pédales à tout les étages ou plus vraisemblablement morne plaine...?
lkea citer
lkea
20/06/2014 12:08
note: 8.5/10
Pas sourd du tout pour moi, il y a effectivement des moments qui peuvent prétendre au funeral sur ce disque. Mais il y a aussi d'autres choses, touchant à la folk et au drone par exemple. Après, ce n'est pas tant une question de nouveauté pour moi (Hynninen a une tendance à transformer la moindre escapade en quelque chose sonnant traditionnel) mais de personnalité. Ce qui transparaît de ce disque est assez rare, je trouve !
Invité citer
Aguirre
20/06/2014 10:59
C'est étonnant, mais il y a dans ce disque beaucoup de moments qui me ramènent quasi 10 ans en arrière, quand j'ai découvert les combos Amaranthine Trampler et Maiden Voyage. Comme quoi...
Rien de nouveau
Je vieillis
Il faut être passé par Reverend Bizarre pour...
C'est du funeral doom cet album
Je suis sourd
Momos citer
Momos
04/06/2014 18:53
Le titre de l'album est auto-suffisant.
gulo gulo citer
gulo gulo
04/06/2014 18:04
note: 8.5/10
Raaaah mais qu'il arrive donc enfin !
lkea citer
lkea
04/06/2014 14:48
note: 8.5/10

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Opium Warlords
Doom Metal
2014 - Svart Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (2)  8.5/10
Webzines : (12)  7.45/10

plus d'infos sur
Opium Warlords
Opium Warlords
Doom Metal - 2004 - Finlande
  

tracklist
01.   The Sadness of Vultures
02.   The Self-Made Man
03.   The God In Ruins
04.   The Solar Burial
05.   The Land Beyond The Pole
06.   Mont Meru
07.   This Place Has Been Passed
08.   Manisola From Misandria
09.   In Melancholy Moonless Acheron

Durée : 72 minutes 38 secondes

line up
parution
30 Mai 2014

voir aussi
Opium Warlords
Opium Warlords
Nembutal

2020 - Svart Records
  
Opium Warlords
Opium Warlords
We Meditate Under the Pussy in the Sky

2012 - Svart Records
  
Opium Warlords
Opium Warlords
Droner

2017 - Svart Records
  
Opium Warlords
Opium Warlords
Live at Colonia Dignidad

2009 - Cobra Records
  

Essayez aussi
Purification
Purification
Perfect Doctrine

2020 - Autoproduction / Rafchild Records
  
Cathedral
Cathedral
Endtyme

2001 - Earache Records
  
Type O Negative
Type O Negative
Dead Again

2007 - Steamhammer Records (SPV)
  
Funeral
Funeral
In Fields Of Pestilent Grief

2002 - Nocturnal Music
  
Cathedral
Cathedral
Supernatural Birth Machine

1996 - Earache Records
  

Deinonychus
Ark of Thought
Lire la chronique
Civerous
Maze Envy
Lire la chronique
Slimelord
Chytridiomycosis Relinquished
Lire la chronique
Redstone
Immortal (EP)
Lire la chronique
Yawning Man
Long Walk Of The Navajo
Lire la chronique
Campaign for Musical Destruction Tour 2024
Master + Napalm Death + Pri...
Lire le live report
Knoll
As Spoken
Lire la chronique
Near Death Experience
Brief is the Light
Lire la chronique
Darkspace
Dark Space -II
Lire la chronique
Spectral Voice
Sparagmos
Lire la chronique
Release Party
Ataraxie + Déhà + Marche Fu...
Lire le live report
Silhouette + Skaphos + Versatile
Lire le live report
Dream Unending / Worm
Starpath (Split-CD)
Lire la chronique
Bilan 2023
Lire le bilan
Kaamosmasennus
Le jour ne se lève plus
Lire la chronique
Vastum
Inward To Gethsemane
Lire la chronique
Convocation
No Dawn for the Caliginous ...
Lire la chronique
On Thorns I Lay
On Thorns I Lay
Lire la chronique
Sorcerer
Reign of the Reaper
Lire la chronique
Les Sakrif'or BLACK METAL 2023
Lire le podcast
Adversum
Vama Marga
Lire la chronique
Formalist
We Inherit a World at the S...
Lire la chronique
Gateway
Galgendood
Lire la chronique
Phlebotomized
Clouds of Confusion
Lire la chronique
Nephilim's Noose
Blood Chants of Impiety
Lire la chronique
Krieg
Ruiner
Lire la chronique
Undergang / Spectral Voice
Undergang / Spectral Voice ...
Lire la chronique
Cirith Ungol
Dark Parade
Lire la chronique
Buried Souls
Zone 63 (EP)
Lire la chronique
Batushka European Fall 2023 Tour
Batushka + Houle + Kanonenf...
Lire le live report
Martyrdoom
As Torment Prevails
Lire la chronique