Encoffination - III - Hear Me, O' Death Chronique
Encoffination III - Hear Me, O' Death (Sing Thou Wretched Choirs)
…Imagine le marécage... Vasière immonde, palud, bourbier, cloaque viscéral... Imagine l'eau noire – indéfiniment... Vois l'eau croupie, putride – eau lourde, boue profonde – eau morte, ensommeillée, nuit liquide, immobile, stagnante, froide et sombre – fixe.
...Imagine la puanteur... Vois ! L'algue gluante et la charogne, unies, s'agglutinent dans les racines entremêlées des arbres... Racines gonflées comme des ventres de noyés.
Imagine que là, à tes pieds, dans la fiente, grouillent des larves opaques, blanchâtres, de gros vers coprophages... Et les sangsues sombres et lisses collent leurs bouches avides à tes membres glacées – ô l'horrible baiser – la souillure...
...Le marais t'aspire, te suce...
...Je suis ce marécage...
Quand un texte parle mieux que vous ne pourrez jamais le faire d'un album, il n'y a aucun mal à le citer en large et en travers. Et je ne vois rien de mieux pour présenter ce troisième album d'Encoffination que cet extrait de Caza issu d'une bande dessinée parue dans Metal Hurlant. Un bout de texte qui va parfaitement à la musique des Ricains, ceux-ci ayant dès leur premier longue-durée ( Ritual Ascension Beyond Flesh) travaillé à créer un doom/death fortement marqué par les rythmes lents et boueux – tout juste note-t-on un sursaut sur le brutal O' Hell, Shine in Thy Whited Sepulchres, paru en 2011 – où se faire aspirer.
Mon règne est celui de la dissolution. De la macération. De la putréfaction – Le lieu de l’œuvre au noir – L'anus de Dieu – L'enfer.
Clairement, Encoffination est de ceux méritant l’appellation « death metal » jusqu'au bout de leurs doigts nécrosés. Loin de s'arrêter à une voix grave et quelques tremolos evil, le duo aime donner une saveur extrêmement raw à ses compositions, de la production insalubre au possible (volontairement étouffée et lointaine) à ces guitares poreuses, donnant l'impression qu'il leur manque quelques membres pour marcher correctement. Car Hear Me, O' Death est de ces disques fonctionnant sur un tempo qui varie peu, traînassant ses bouts de chairs à un rythme bien inférieur à celui de battements de cœurs : indéniablement crade, mais avec un « truc » qui le place ailleurs d'autres formations doom/death aimant vomir leurs saletés avec violence sur l'auditeur.
Vienne à s'évanouir l'air du ciel, je demeure. Vienne la glaciation – ou la sécheresse, je demeure. Vienne le déluge – d'eau, de feu ou d'acide – je demeure. Que les hommes oublieux lâchent sur l'univers les forces plutoniennes, que viennent l'holocauste, l'autodafé radieux, l'apocalypse des hommes – je demeure. Je suis l'immortel.
Trop tard pour l'Autopsy ou crever l'Abscess : Encoffination est ici terne, morose et putréfié au possible, d'une beauté qui trouve sa source dans une tranquillité, une pleine puissance sous-jacente, à traverser le cimetière comme son domicile. Immortel car déjà-mort, Hear Me, O' Death transforme le death metal en psalmodie, dépouillé comme elle, rectiligne comme elle, religieux comme elle.
À partir de là, rien à part les précautions d'usages utiles à ceux ayant baillé à l'écoute d'Evoken par exemple (dont Hear Me, O' Death peut s'assimiler à une version plus death metal – et non, pour les petits malins, ça ne donne pas du Funebrarum). Encoffination s'adresse uniquement à ceux aimant leur mort ambiancée et non brutale, celui-ci se situant bien après que le couperet soit tombé. Si l'écoute se solde toujours par un vague souvenir montrant que ces huit parties s'étalent parfois un peu trop pour marquer chacune, l'atmosphère générale donne constamment envie d'y revenir et de s'y plonger plus intensément, ce qui, étant donné le caractère jusqu'au-boutiste de l’œuvre, n'est pas une mince réussite. Mais c'est normal après tout, ces cinquante-huit minutes étant ici si proches de la Mort comme divinité qu'elle finit par en rappeler une autre aussi séduisante, grotesque et omnisciente...
Voici mon nom : la bête.
Pochette de l'édition limitée
| Ikea 5 Novembre 2014 - 2019 lectures | | DONNEZ VOTRE AVIS Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer. 11 COMMENTAIRE(S) citer | KPM 17/11/2014 23:55 | note: 8.5/10 | Ce disque me rappelle une scène d'un film dont le nom m'échappe : un homme est mort, une colonie de blattes, de cafards et autres, bref de la vermine, se met à le porter et à déplacer son cadavre à l'écart dans l'obscurité, pour qu'il repose parmi les racines et la terre. Hear Me 'O Death, une longue procession funéraire, botanique et fongique, dans des eaux verdâtres où grouille une vie se nourrissant de la mort. | citer | C'est quand même moins paisible et sénatorial, Hellvetron... | citer | pete bondurant 11/11/2014 21:43 | | dans un style chouille différent, essayez Hellvetron... | citer | Le second est un peu plus "péchu"... comme du Father Befouled tout moribond ^^ et celui-ci c'est carrément en train de tomber en poussière en toute béatitude. Non, ce groupe est pas pour toi | citer | Ikea a écrit : Merci ! Y a pas que dans le logo qu'il y a du Incantation d'ailleurs, je trouve
C'est pour ça que je dis copie jusque dans le logo. Encoffination (du moins le 1er album vu que je n'ai pas écouté le reste), c'est les parties doomy d'Incantation répétées ad nauseam. | citer | J'adore ce putain de groupe. Très content de trouver cette kro ici. Bravo Ikea, you're the one. | citer | Ikea 05/11/2014 20:26 | note: 8.5/10 | Merci ! Y a pas que dans le logo qu'il y a du Incantation d'ailleurs, je trouve. Mais il est clair qu'Encoffination s'adresse à ceux qui n'ont rien contre le lent et répétitif, comme tu dis ! | citer | J'avais laissé le groupe dès son 1er album. Trop lent et répétitif pour moi. Et puis la copie d'Incantation jusque dans le logo... très bonne kro cela dit mais ça c'est une habitude! | citer | Ikea 05/11/2014 17:48 | note: 8.5/10 | Pas gay, ultrametal | AJOUTER UN COMMENTAIRE | notesChroniqueur : | 8.5/10 | Lecteurs : | (4) 8.88/10 | Webzines : | (2) 6.75/10 |
plus d'infos sur | Encoffination Doom / Death Metal - 2008 - Etats-Unis | | |
tracklist01. | Processional – Opvs Thanatologia | 02. | Charnel Bowels of a Pvtrescent Earth | 03. | Cemeteries of Pvrgation | 04. | Crowned Icons | 05. | Rotting Immemorial | 06. | From His Holy Cvp, Drink; Come Death | 07. | Pale Voices | 08. | Movld of Abandonment | Durée : 58 minutes 10 secondes |
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11 COMMENTAIRE(S)
17/11/2014 23:55
11/11/2014 22:23
11/11/2014 21:43
06/11/2014 19:54
06/11/2014 13:20
C'est pour ça que je dis copie jusque dans le logo. Encoffination (du moins le 1er album vu que je n'ai pas écouté le reste), c'est les parties doomy d'Incantation répétées ad nauseam.
05/11/2014 23:41
05/11/2014 20:26
05/11/2014 20:01
05/11/2014 17:48
05/11/2014 17:48
...Je suis ce marécage...
http://www.youtube.com/watch?v=qvXXK7hR-iE
05/11/2014 17:31