Il y a des jours où j'ai envie d'écouter Sink, oui, mais pas
The Process. C'est qu'avoir la sensation de mourir et revenir petit à petit à la vie est un exercice parfois un peu usant, voyez-vous. Et heureusement, pour ces moments-là, il y a
Permanence.
Ho, ne vous attendez pas ici à trouver quelques réconforts, quelques morceaux à écouter distraitement pour accompagner je-ne-sais-quelle activité physique : Sink, même le temps d'une compilation de deux Eps semblant mis bout à bout essentiellement pour en faire profiter les non-possesseurs de platines vinyles, reste Sink, cette chose indescriptible, créatrice de chutes de frame rate dans la réalité. En premier lieu car, fait rare, ces quatre morceaux issus de sessions différentes s'écoulent comme un ensemble où chacun profite de l'autre – et font donc office d'expérience à part entière, éprouvante.
Ainsi, la partie
Truth & Severance, suivant
The Process chronologiquement et au niveau des atmosphères, commence ces quarante-quatre minutes avec la désolation dont on sait les Finlandais capables, par une montée bruitiste qui tient parfaitement son rôle d'incipit à la religion particulière de Sink. S'ensuit une musique rituelle qui, si elle ne possède pas la portée définitive de l'album de 2008, prépare sa suite par son application à anesthésier et assujettir, entre cocon où se reposer et cage où disparaître aux yeux du monde.
Un déblayage donnant un terrain propice à
Fog & Dominance pour montrer pleinement son étrangeté. La rencontre de front avec cet EP succédant au double-album
The Holy Testament m'avait laissé une impression mitigée, convaincu mais pas assez pour y voir plus qu'un ajout supplémentaire à ce que les Finlandais avaient déjà pu produire ailleurs. Une fois bien installé par les deux titres précédant « Fog », le sentiment est tout autre : Sink s'y fait plus habillé et contrasté mais aussi désertique, froid et surréaliste dès son introduction, où une menue mélodie au clavier coule d'une tristesse universelle donnant envie de partir d'ici. D'un pouvoir d'attraction difficile à comprendre du fait de son utilisation de sons et samples empilés avec simplicité, il emmène aisément avec lui là où il se révèle le mieux : un peu plus loin de tout ce que l'on peut supposer de terrestre, jusqu'à un « Dominance » qui dévoile ses images coupantes de sol âpre, de déshabillage, de spiritualité incandescente vécue dans le froid impitoyable du Nord.
Il n'existe pas d'analogie appropriée pour illustrer ces instants où Sink, entité ayant fait des espaces mentaux et physiques ses églises, touche les hauteurs. Ceux qui ont vu la scène finale du film
Teorema de Pier Paolo Pasolini où un homme nu hurle un cri primal en déambulant sur les cendres d'un volcan auront une idée floue – ajoutez-y ce qu'il faut d'hyperboréen et de terminal, nous sommes en Finlande après tout – de ce que transmettent les dernières minutes de cette compilation qui, malgré une première moitié moins prenante, fait assez mal pour se dire qu'il y a des sorts certes moins horribles que la mort de
The Process, mais loin d'être positifs pour autant. Foutus eux.
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27/03/2015 09:14