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Loudblast - Disincarnate

Chronique

Loudblast Disincarnate
A votre avis, quel est le comble pour un webzine Metal français se revendiquant clairement à "tendance brutale"? Et bien probablement de ne pas rendre hommage aux débuts de la scène hexagonale en matière de Death Metal. Si les discographies des poids lourds Américains ou Suédois sont plutôt bien représentées, on ne peut pas en dire autant des quelques groupes français qui ont pourtant marqué eux aussi notre beau pays. Il y a bien quelques chroniques de Massacra (même s’il manque encore celle du premier album Final Holocaust), mais vous ne trouverez absolument rien au sujet des premiers albums de Mercyless, Agressor, Crusher, No Return et Loudblast... Si nous n‘en sommes pas fier, nous allons dans les semaines à venir profiter du vent de rééditions qui souffle actuellement pour tenter de corriger le tir et vous présenter enfin ces quelques pépites qui auraient pourtant mérités de figurer dans nos colonnes depuis belle lurette.
Sortie en 1991 sur feu Semetery Records (Agressor, Madhouse, Squealer), Disincarnate est le deuxième album de Loudblast et fait suite au très thrashy Sensorial Treatment paru en 1989. Vingt-quatre ans après sa première parution, ce deuxième album se voit enfin réédité par le label Listenable que les Lillois ont rejoint l’année dernière pour la sortie de Burial Ground. Une initiative qu’on ne peut que saluer étant donné les prix pratiqués sur Ebay ou Discogs ces dernières années. Désormais disponible sous la forme d’un digipack, cette réédition propose de découvrir quelques photos inédites d’époque ainsi que quatre titres bonus inédits. De quoi ravir tous les collectionneurs et autres historiens de la scène Death Metal.

Sortie le même jour et la même année que From Beyond de Massacre, Disincarnate partage finalement bien d’autres points communs avec le premier album des Floridiens à commencer par une production signée Scott Burns. A une époque où le Death Metal s’enregistrait soit au Sunlight studio soit au Morrisound studio, Loudblast n’as pas hésité bien longtemps avant de s’envoler pour les Etats-Unis et donner à ce deuxième album cette empreinte sonore si particulière. Si on peut y voir un manque de personnalité, ou un choix trop "facile", il faut bien comprendre qu’à cette époque les possibilités étaient plutôt limitées pour les groupes désireux d’enregistrer ce type de musique. Qui plus est, ces studios avaient donnés naissance à certains des plus grands albums du genre. Difficile dans ces conditions d’en vouloir à un petit groupe français cherchant à se donner tous les moyens de réussir.
Loin des approximations du très bancal Sensorial Treatment, Disincarnate laisse déjà entrevoir la nature plus complexe et mélodique d’un Loudblast pourtant encore en pleine recherche de lui-même. C’est ainsi que les riffs les plus techniques et les structures les moins immédiates me font tout de suite penser à Morbid Angel (comme sur le début de "Steering For Paradise"), autre groupe floridien passé entre les mains de Scott Burns. Et même si avec le recul ce deuxième album n’a rien de très original ni même de particulièrement novateur, il reste pour l’époque et surtout pour un pays comme la France alors peu habitué à ce niveau de composition (nous sommes en 1991 je vous le rappelle), un disque d’une incroyable efficacité, maîtrisé sur le bout des doigts, qui n’a donc rien à envier aux autres sorties du moment. D’ailleurs, je me demande bien pourquoi Loudblast n’a jamais réussi à tirer vraiment son épingle du jeu avec un tel disque sous le coude si ce n’est que face aux autres machines de guerres de l’époque, on lui a toujours préférées celles venues de Suède ou des Etats-Unis.
Mais peu importe, je ne referais pas l’Histoire et vous non plus alors contentons-nous d’apprécier Disincarnate simplement pour ce qu’il est à savoir un excellent album de Death Metal old school. Sur la version originale, la production estampillée Morrisound studios donnait aux compositions un aspect compact, légèrement boueux et quelque peu étouffé. La remasterisation appliquée ici dans le cadre de cette réédition corrige ce qui a pu apparaître pour certain comme un défaut majeur en donnant définitivement plus de puissance, de lisibilité et de rondeur à des compositions qui encore aujourd’hui n’ont pas pris une ride. Cela se fait néanmoins au détriment de l’aspect organique alors palpable sur l’enregistrement original. C’est ainsi le seul point sujet à discussion, principalement parce que cette remasterisation gomme un peu trop à mon goût l’authenticité de cet album qui malgré son quart de siècle semble être sorti des studios le mois dernier.
Le reste n’est que réjouissances en tout genre. Album maitrisé dans sa globalité, Disincarnate jouit notamment d’une excellente dynamique, partagé entre ces séquences en forme de coup de poing héritées des origines Thrash de la formation lilloise et à l’inverse ces nombreux passages mid-tempo venus briser des nuques sans pour autant manquer de groove (avec l’appui de cette basse subtile toujours en filigrane). Un pattern de composition ultra simple car tout ce qu’il y a de plus binaire mais qui, déjà à l’époque, savait faire ses preuves. Chaque morceau est ainsi calqué sur ce modèle de composition et n’en déplaise aux quelques blasés qui liront ces lignes, cela fonctionne à tous les coups. On notera également le goût déjà prononcé de Loudblast pour ces voix mélodiques, étranges et lointaines qui viennent se glisser sournoisement à nos oreilles ("Steering For Paradise" à 1:18, "Outlet For Conscience" à 0:46, 1:56, 4:19...) et que l’on retrouvera plus tard également sur Sublime Dementia. Enfin, nombreux sont également les arrangements synthétiques apportés ici par Kent Smith, claviériste ayant travaillé avec quelques pointures comme Pestilence, Obituary, Coroner ou encore Sepultura.

Mais malgré les quelques qualités déjà citées, Disincarnate ne serait pas grand-chose sans la qualité des riffs de Stéphane Buriez et de Nicolas Leclercq. Les deux garçons ont bien appris leurs leçons et offrent tout au long de ces quarante minutes de quoi retenir toute notre attention grâce à un travail plutôt simple en apparence mais déjà marqué par une personnalité assez forte d’ailleurs appelée à s’affirmer encore davantage sur l’album faisant encore aujourd’hui figure de mètre-étalon, l’excellent et bien plus personnel Sublime Dementia. Sans réelle faiblesse, ce deuxième album est ainsi construit autour de riffs toujours très efficaces, qu’ils soient joués à toute berzingue ou bien assénés avec davantage de lourdeur. On notera parmi les plus marquants ceux de "Steering For Paradise" (et notamment cette fameuse introduction rappelant Morbid Angel), "After Thy Thought" et ses leads mélodiques à vous filer des frissons, le schizophrénique "Dusk To Dawn" qui ne cesse de changer de rythme, "Disquieting Beliefs", "Arrived Into Death Soon" et ses passages bourdonnants... De même, s’il n’est pas le plus marquant de l’album à bien y réfléchir, il y a pourtant un titre qui retient toute mon attention ici. Il s’agit de l’excellent "The Horror Within" (sur lequel un certain Kam Lee est d’ailleurs venu poser sa voix), découvert à l’époque sur le premier volume de la compilation Masters Of Brutality. Entre ce riff entêtant et ce rythme particulièrement appuyé, il n’en fallait pas davantage pour me marquer à vie (au même titre qu’Entombed, Obituary, Atheist, Morbid Angel ou encore Dismember tous présents sur cette compilation). A ce constat déjà extrêmement positif vient s’ajouter les nombreux soli et autres leads ponctuant ce Disincarnate. Des passages mélodiques, propres et marqués à chaque fois par un je-ne-sais-quoi d’épique et de mélancolique ("Steering For Paradise" à 3:38 et 4:08, "After Thy Thought" à 2:08 et 2:51, "Dusk To Dawn" 2:34, "Outlet For Conscience" à 3:40, "Disquieting Beliefs" à 2:36, "The Horror Within" à 2:37, "Arrive Into Death Soon" à 1:53 et 3:41, "Wrapped In Roses" à 1:57).

Cette réédition se conclue par quatre titres inédits (enfin pas tant que ça puisqu’ils figuraient déjà dans la boxset intitulée Original Album Classics éditée en 2009 par le label XIII Bis). Il s’agit là de morceaux enregistrés très probablement après Sensorial Treatment, soit entre 1990 et 1991 mais n’ayant jamais vu le jour. Sans être mauvaise, loin de là, la qualité sonore trahit malgré tout le fait qu’il s’agisse ici de démo très probablement à l’état brut (sans mixage ni mastering). Aussi, malgré la petite touche propre aux Lillois, ces quatre titres se montrent un poil moins marquants que ceux de Disincarnate (mais pourquoi ces notes mélodiques ridicules sur le pourtant convaincant "Dementia"?). Un sentiment probablement partagé à l’époque par Loudblast puisque ces quelques titres sont restés enfouis plusieurs années durant avant de finalement figurer en tant que bonus track.

Particulièrement bienvenue, cette réédition de Disincarnate devrait naturellement contenter bon nombre d’amateurs de Loudblast n’ayant à l’époque pas pu mettre la main sur ce très bon deuxième album. Groupe de Death Metal français le plus "populaire" et "reconnu", Loudblast n’a pourtant jamais eu la reconnaissance qu’il méritait à l’époque en France et même en dehors de nos frontières. Vingt-quatre ans plus tard, cette réédition vient nous rappeler que les choses ne sont pas toujours très juste, même lorsque l’on fait bien les choses. Après cet album, Loudblast continuera sur sa lancée avec la sortie en 1993 de son chef d’œuvre, l’excellent et pas si facile Sublime Dementia avant finalement de se perdre en chemin (Fragments), probablement frustré face à la réussite des autres. Et malgré un retour plutôt convaincant l’année dernière, c’est bien avec Disincarnate et Sublime Dementia que Loudblast a gagné ses lettres de noblesse. Aussi, je ne pourrais que trop vous conseiller d’y porter une attention toute particulière, déjà pour l’aspect historique afin de comprendre le développement de la scène Death hexagonale mais aussi et surtout parce que cet album est tout sauf un coup d’épée dans l’eau.

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Loudblast
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs : (7)  8.43/10
Webzines : (5)  5.77/10

plus d'infos sur
Loudblast
Loudblast
Death Metal - 1985 - France
  

formats
  • CD / 1991 - Semetery Records
  • CD / 2015 - Listenable Records

tracklist
01.   Steering For Paradise  (06:03)
02.   After Thy Thought  (04:31)
03.   Dusk To Dawn  (03:43)
04.   Outlet For Conscience  (04:56)
05.   Disquieting Beliefs  (04:08)
06.   The Horror Within  (03:36)
07.   Arrive Into Death Soon  (05:25)
08.   Wrapped In Roses  (03:24)
09.   Shaped Images Of Disincarnate Spirits  (04:36)
10.   Hegemony Of Mankind (Demo Version)  (04:25)
11.   Cup Of Bitterness (Unreleased Demo Track)  (04:22)
12.   Dementia (Unreleased Demo Track)  (04:15)
13.   Evil Revealed (Unreleased Demo Track)  (03:48)

Durée : 57:16

line up
parution
1 Juillet 1991

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