Everson Poe - The Great Disruption
Chronique
Everson Poe The Great Disruption
La vie d'artiste, c'est comme la vie des autres. Seuls les plus audacieux ou les plus chanceux arrivent à se faire une place au soleil. Pour les faibles, les timides ou les timorés c'est plus difficile : il ne suffit pas d'avoir du talent pour intéresser le public, voire même, pour trouver un public. Certains en souffrent, se minent de ne pas obtenir la reconnaissance de leur créativité et finissent par abandonner la carrière d'artiste pour aller ouvrir un Pantashop à Roubaix, d'autres décident qu'ils n'en ont rien à foutre et continuent vaille que vaille à écouter leur muse, car c'est elle qui leur donne envie de se lever le matin, de manger un bol de Frosties et de continuer à exister jusqu'au soir. Parfois ces artistes de l'ombre obtiennent une reconnaissance tardive. De leur vivant pour les plus heureux, après leur disparition pour les moins vernis. Mais en fait peu leur importe car ce qui les a motivés, ce n'est pas l'attrait pour les sunlight et les petits fours, c'est juste l'envie de créer, d'apporter une pierre qu'ils estimaient essentielle à un édifice artistique unique et personnel.
A notre époque de surexposition, de réseaux sociaux tout puissant et de chasse effrénée à une reconnaissance matérialisée par des pouces bleus, c'est encore plus admirable de croiser l'un de ces rebelles qui continuent à créer même si leurs créations n'intéressent presque personne. C'est le cas de EVERSON POE, one man band américain fondé par le guitariste de formation Maxwell J Shults en 2006. Depuis onze ans qu'il enrichit son oeuvre (six albums et neuf EP publiés à ce jour), le musicien épris d'autonomie a appris la basse et la batterie. Refusant toute catégorisation, l'artiste "touche à tout" a exploré plusieurs genres musicaux différents et s'il affiche une nette préférence pour les compos instrumentales, il n'hésite pas à faire appel à des interprètes occasionnels pour ajouter de la voix à ses projets quand nécessité fait loi, comme c'est le cas sur The Great Disruption, son sixième album, paru en avril 2017.
L'album conceptuel de EVERSON POE s'appuie sur la trilogie The Mapmakers (en français : Les Cartographes) écrite par l'auteur américain S.E Groove. Ce best seller fantastique se déroule dans un monde bouleversé où les Etats-Unis sont situés dans un XIXe siècle fabuleux, le Groenland dans la préhistoire, et l'Afrique du Nord dans un temps qui évoque celui des Pharaons. Je n'ai pas lu les bouquins, mais l'interprétation qu'en fait le musicien ne donne pas particulièrement envie de s'y mettre.
Le disque est habillé d'un artwork qui n'est pas sans rappeler celui de l'album de YOB, Clearing The Path To Ascend. Un clin d’œil rien moins qu'innocent, car dans le fonds également, les deux projets jouent dans la même catégorie. Celle d'un Doom / Post Metal contemplatif et lent qui se déguste sur la durée, à condition d'être suffisamment patient et partant pour un trip planant. C'est une musique très lente et enfumée structurée autour d'un riffing répétitif, une batterie low tempo et des vocalises langoureuses faisant contre-pied au gras des guitares. Quatre longues pistes de plus de dix minutes chacune qui développent chacune une ambiance particulière mais manquent un peu de nuances. Disons le franchement, j'ai eu l'impression de goûter quatre versions d'un même plat et je me suis vite ennuyé, réalisant que si ce projet peine à trouver son public, c'est peut-être juste parce qu'il n'a pas grand chose à offrir.
| rivax 26 Juillet 2017 - 503 lectures |
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