Hangman's Chair / Greenmachine - Hangman's Chair / Greenmachine Split LP Chronique
Hangman's Chair / Greenmachine Hangman's Chair / Greenmachine Split LP (Split 12")
Moi j'aime bien les split (avec ou sans banane). J'aime encore plus les split intelligemment construits, chaque partie mettant en lumière les bosses et les creux de l'autre. Souvent, cette comparaison se fait au détriment de l'un des deux. Mais il arrive que, bien que différentes, les deux moitiés d'un split s'enclenchent parfaitement, chacune mettant en exergue les qualités de l'autre. C'est justement le cas avec ce split proposé par deux groupes de Stoner / Doom : HANGMAN'S CHAIR et GREENMACHINE.
Les premiers, encore auréolés du succès de leur quatrième album studio, This is Not Supposed To Be Positive (2015) ouvrent le bal avec deux chansons inédites très différentes du genre de musique auquel ils nous avait habitués. "Give & Take" et "Can't Talk" sont aériennes et légères. HANGMAN'S met de côté la basse pachydermique, les reverb hyper prononcés, le chant en retrait et le climat sombre et pessimiste caractéristique des premiers disques. Les chansons ne sont pas à proprement parler joyeuses ni pleines d’allégresse (faut pas pousser), mais l'ambiance les fait paraître plus positives. L'allègement de la rythmique fait ressortir le travail de chaque instrument. La guitare, la batterie magistrale et surtout le chant époustouflant de "Cubi". Par effet de contraste, les parties lourdes sur "Can't Talk" paraissent encore plus lourdes, mais lourdes différemment. Ce n'est pas la chape de plomb qui vous écrase pendant tout le morceau comme la croix sur les épaules de Jesus Christ, c'est plutôt la fulgurance du coup de boule que vous vous prenez sans vous y attendre parce que vous avez par mégarde marché sur le pied d'un gros lard aviné et sanguin. Ce rayon de soleil dans l'obscurité confirme les intentions déjà exprimées par HC dans This is not supposed to be positive. Mais la production est plus légère et naturelle sur le split (je trouve que l'album est surproduit). Cette production dépouillée, avec un reverb toujours présent mais subtil donne aux chansons une dimension de mon point de vue plus intéressante.
Sur la "face B" on change complètement d'univers. GREENMACHINE, que je découvre grâce à ce split, est un groupe de Stoner japonais fondé en 1995. Leur nom fait référence à la deuxième (et merveilleuse) chanson du deuxième album de KYUSS, Blues For The Red Sun sorti en 1993. Oui, dès 1995, trois japonais ont créé un groupe de Stoner faisant référence à KYUSS. Ils sont forts ces japonais! Le trio a été actif de 1995 à 1999, puis de 2003 à 2006, puis de nouveau à partir de 2013, où il s'est enrichi d'un deuxième guitariste. Le long morceau de plus de dix minutes publié sur le split est une compo en cinq "actes" ultra lourde, avec un chant en anglais très convaincant (pour un groupe japonais, cela tient du miracle) et une production vraiment poussiéreuse. Le tempo est lent, la guitare pèse des tonnes et les japonais semblent avoir hérité de la fameuse chape de plomb dont HANGMAN'S CHAIR s'est débarrassé. Le chant, mi-hurlé, mi-clair fait froid dans le dos. Avec peu de moyens, les japonais parviennent à créer une ambiance inquiétante et oppressante soutenue par un riff très sabbathien (vers 4:00) qui nous accompagne pour le reste de la promenade, ponctué par le rythme entêtant de la batterie. Si vous aviez oublié ce que Stoner veut dire, "Red Eye Pt.1.2.3.4.5" est un bon exercice de style pour remettre les pendules à l'heure.
En trois morceaux et vingt trois minutes, les deux groupes apportent leur lots de grands moments et de promesses. Pour HANGMAN'S CHAIR, on se demande si cette ouverture vers des lendemains qui chantent est un intermède ou une nouvelle voie. Pour GREENMACHINE, maintenant qu'on a eu un petit hors d'oeuvre, on a bien envie d'écouter le reste de la discographie du gang, notamment son plat de résistance, l'album D.A.M.N. (1997). | rivax 11 Août 2017 - 693 lectures | | DONNEZ VOTRE AVIS Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer. 4 COMMENTAIRE(S) citer | rivax a écrit : gulo gulo a écrit : Je ne crois pas qu'il faille espérer que HMC virent krishnacore ou emboîtent le pas à Turnstile, non, désolé de te décevoir.
J'espère bien qu'ils resteront dans leur domaine de prédilection!
Si la narration reste dark, le climat musical est plus aéré sur ce disque que sur Hope // Dope // Rope ou le split avec Acid Deathtrip. La musique est beaucoup moins plombée et on n'a plus l'impression que le chant vient du fonds de la caverne. J'avais ressenti la même chose sur certains morceaux de This Is Not... mais, malgré toutes les qualité de cet album, je n'aime pas la prod de Francis Caste que je trouve trop appuyée, "lisse" avec un reverb exagéré.
C'est marrant, moi j'ai pas forcément été ultra-séduit, par cette nouvelle couleur qu'ils ont voulu tester sur leur musique, en allant un peu faire une infidélité au Francis... Elle est pas vilaine, mais le son Caste leur va tellement bien, pour moi, et ils sont tellement viciés naturellement que rien ne peut les rendre réellement lisses, ça crée juste un contraste qui fait partie intégrante de leur identité, cette morbidité mariée à cette suavité non moins extrême ; une parenté avec les débuts de QotSA, tiens.
Infidélité qui n'aura été que passagère, je suis au regret de te l'apprendre (ou pas, c'est sur fb...), au vu des photos de sessions studio qu'ils postent dernièrement. | citer | rivax 11/08/2017 10:56 | note: 4/5 | gulo gulo a écrit : Je ne crois pas qu'il faille espérer que HMC virent krishnacore ou emboîtent le pas à Turnstile, non, désolé de te décevoir.
J'espère bien qu'ils resteront dans leur domaine de prédilection!
Si la narration reste dark, le climat musical est plus aéré sur ce disque que sur Hope // Dope // Rope ou le split avec Acid Deathtrip. La musique est beaucoup moins plombée et on n'a plus l'impression que le chant vient du fonds de la caverne. J'avais ressenti la même chose sur certains morceaux de This Is Not... mais, malgré toutes les qualité de cet album, je n'aime pas la prod de Francis Caste que je trouve trop appuyée, "lisse" avec un reverb exagéré. | citer | ""Give & Take" et "Can't Talk" sont aériennes et légères. HANGMAN'S met de côté la basse pachydermique, les reverb hyper prononcés, le chant en retrait et le climat sombre et pessimiste "
[Euh, t'es sûr ???] x4
"ouverture vers des lendemains qui chantent"
Wow, wow, wow... Je suis pas un habitué de la lecture de paroles, d'ailleurs en l'occurrence j'avais pigé avant de lire l'insert de quoi il retournait (à ce petit détail près que, donc, il ne s'agit pas d'un suicide par overdose dans une baignoire, mais juste d'un fix quotidien, ce doit être le côté chantant que tu dis) rien qu'à l'ambiance des morceaux... Puis toute l'imagerie de l'objet (rond central etc) à base de schnecks à en faire grimacer Egon Schiele et de seringues...
Je ne crois pas qu'il faille espérer que HMC virent krishnacore ou emboîtent le pas à Turnstile, non, désolé de te décevoir. | citer | Autant pour Thi is Not, j'étais dubitatif quand à la qualification en cold-wave, pour trois (superbes) guitares curistes lovées sur du LoA, autant là, avec "Can't Talk" on parle de (sublime) gothic rock... avec par-dessus ces typiques lignes vocales à la Aerosmith.
Très, très haute couture. | AJOUTER UN COMMENTAIRE | Grunge / Hardcore / Doom Metal 2017 - Music Fear Satan notesChroniqueur : | 4/5 | Lecteurs : | (3) 4.33/5 | Webzines : | - |
tracklistHangman's Chair
| 01. | Give & Take (07:27) | 02. | Can't Talk (04:25) |
| Greenmachine
| 03. | Red Eye Pt. 1.2.3.4.5 (11:11) | Durée : 23:00 |
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4 COMMENTAIRE(S)
11/08/2017 11:06
J'espère bien qu'ils resteront dans leur domaine de prédilection!
Si la narration reste dark, le climat musical est plus aéré sur ce disque que sur Hope // Dope // Rope ou le split avec Acid Deathtrip. La musique est beaucoup moins plombée et on n'a plus l'impression que le chant vient du fonds de la caverne. J'avais ressenti la même chose sur certains morceaux de This Is Not... mais, malgré toutes les qualité de cet album, je n'aime pas la prod de Francis Caste que je trouve trop appuyée, "lisse" avec un reverb exagéré.
C'est marrant, moi j'ai pas forcément été ultra-séduit, par cette nouvelle couleur qu'ils ont voulu tester sur leur musique, en allant un peu faire une infidélité au Francis... Elle est pas vilaine, mais le son Caste leur va tellement bien, pour moi, et ils sont tellement viciés naturellement que rien ne peut les rendre réellement lisses, ça crée juste un contraste qui fait partie intégrante de leur identité, cette morbidité mariée à cette suavité non moins extrême ; une parenté avec les débuts de QotSA, tiens.
Infidélité qui n'aura été que passagère, je suis au regret de te l'apprendre (ou pas, c'est sur fb...), au vu des photos de sessions studio qu'ils postent dernièrement.
11/08/2017 10:56
J'espère bien qu'ils resteront dans leur domaine de prédilection!
Si la narration reste dark, le climat musical est plus aéré sur ce disque que sur Hope // Dope // Rope ou le split avec Acid Deathtrip. La musique est beaucoup moins plombée et on n'a plus l'impression que le chant vient du fonds de la caverne. J'avais ressenti la même chose sur certains morceaux de This Is Not... mais, malgré toutes les qualité de cet album, je n'aime pas la prod de Francis Caste que je trouve trop appuyée, "lisse" avec un reverb exagéré.
11/08/2017 10:09
[Euh, t'es sûr ???] x4
"ouverture vers des lendemains qui chantent"
Wow, wow, wow... Je suis pas un habitué de la lecture de paroles, d'ailleurs en l'occurrence j'avais pigé avant de lire l'insert de quoi il retournait (à ce petit détail près que, donc, il ne s'agit pas d'un suicide par overdose dans une baignoire, mais juste d'un fix quotidien, ce doit être le côté chantant que tu dis) rien qu'à l'ambiance des morceaux... Puis toute l'imagerie de l'objet (rond central etc) à base de schnecks à en faire grimacer Egon Schiele et de seringues...
Je ne crois pas qu'il faille espérer que HMC virent krishnacore ou emboîtent le pas à Turnstile, non, désolé de te décevoir.
11/08/2017 10:03
Très, très haute couture.