Depuis leur signature avec le label allemand Lifeforce en 2013, les Finlandais occupent le terrain. Entre les LP et les EP, pas le temps de s'ennuyer, allant de paire avec une direction artistique en apparence floue qui réserve des surprises à chaque nouvelle sortie. Je parle évidemment pour moi. Car autant un sentiment d'évolution transparaît chez certaines formations qui décident de prendre un virage dans leur carrière, autant Hanging Garden semble plutôt chercher une formule qui jusqu'à maintenant n'avait pas vraiment fait d’étincelle. De bonnes idées certes, mais pas non plus de quoi attirer réellement l'attention. Les choses pourraient néanmoins changer cet automne avec la sortie de ce cinquième album sur lequel le groupe s'est attaché à ne conserver que le meilleur. Il était temps !
Succédant à un
"At Every Door" un peu plat,
"Blackout Whiteout" avait juste le mérite de piquer la curiosité à défaut d'être une réussite. En cause, une production miteuse, un chant clair toujours aussi peu convaincant et surtout l'abandon quasi total de leur facette doom/death. Après cette expérience inattendue, "I Am Become" dégage un sentiment assez étrange. En effet, si l'on prend de manière continue l'ensemble de sa discographie, le combo marque ici un retour en arrière ; néanmoins, cette suite sonne pour moi comme un reboot de
"Blackout Whiteout", la suite logique d'
"At Every Door" finalement. A la manière d'une Maxine Caulfield qui déciderait de changer son destin, les Finlandais se jouent du temps et choisissent cet univers parallèle où le meilleur de leur doom/death croise leur volonté d'y noyer un post-rock des plus atmosphériques. Leur musique n'a rien perdu de sa personnalité et marque une fois de plus sa singularité dans l'élaboration d'atmosphères froides et aseptisées. On y retrouve la dureté et le malaise d'un Daylight Dies ou d'un October Tide, dans un décor atypique de béton et de verre aux couleurs pâles et éblouissantes, d'une modernité étrangère au genre. Les guitares écrasantes, omniprésentes et pourtant hautement mélodiques rappellent les fondements de leur style, et se heurtent à nouveau à des claviers ainsi qu'à quelques éléments électroniques dont les sonorités n'appartiennent qu'à eux. De son côté Toni Toivonen a fait d'énormes progrès au chant clair. Bien que ses hurlements demeurent bien plus puissants et charismatiques, sa voix commence à dégager quelques timides émotions que je n'espérais plus. Et lorsqu'il se lance en duo avec la sensuelle Riikka sur les 2 derniers titres, on se surprend à vouloir que ça dure. Deux autres invités de marque viendront également pousser la chansonnette et pas des moindre puisqu'il s'agit de Tomi Joutsen (Amorphis) et Niko Kalliojärvi (Amoral). Néanmoins, leur participation n'apporte pas grand chose tant Toni assure avec ses growls.
Autre surprise proposée par "I Am Become" : la production. Terminé la saturation grésillante et la bouillie sonore ; enfin, Hanging Garden se dote d'un son actuel, clair et précis, capable de restituer les différentes facettes de sa musique, de ses moments les plus calmes aux passages les plus incisifs. Si le groupe nous permet d'apprécier son art dans de meilleures conditions, tout ici n'est malheureusement pas transcendant à l'image de l'introduction "As Above, So Below" dont les lignes de chant clair présentées dès les premières secondes n'avaient rien de rassurant pour la suite. Dans le même esprit, on peut sans hésiter citer l'indigeste "Our Dark Design" dans lequel rien n'est à sauver (ce refrain...). De plus, même s'il s'est grandement amélioré, le chant clair continue de peser négativement dans la balance, ne parvenant pas à faire émerger la sensibilité que portent les mélodies. De mon côté, rien de plus à ajouter au cahier de doléances car pour le reste, le sextette a parfaitement su doser son album. A la fois puissant et touchant, il se montre aussi convaincant dans la sévérité que dans la contemplation. Le groupe étonne même par la justesse de son écriture qui aboutit à de superbes pièces telles que "Forty One Breaths" et "Ennen" que j'évoquais précédemment, l'écrasant "From Iron Shores" ou encore l'imparable "Hearthfire" dont je vous recommande chaudement l'écoute.
Encore imparfait, "I Am Become" ne fera probablement pas date mais engage le groupe dans une direction bien plus stimulante qu'il y a 2 ans. A l'exception du fiasco "Our Dark Design" qui le plombe en son milieu, ce cinquième essai propose une vision personnelle du désespoir et de l'isolement, futuriste, glaciale, plombante où règne à chaque instant un sentiment d'inéluctabilité. Il est un chemin de croix à travers un monde désolé et hostile, avec ses accalmies temporaires, ses instants de doutes et bien sûr ses moments difficiles. Un imprévu revirement, une jolie réussite, une oeuvre qui apparaît à point nommé pour célébrer l'arrivée de l'automne.
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