Nibiru - Salbrox
Chronique
Nibiru Salbrox
Nibiru n’est pas nécessairement très connu dans nos contrées. Les italiens sortent pourtant là leur 5ème album longue durée. Ce Salbrox, doté d’un artwork fort coloré, agrémenté d’un turquoise agréable et un brin déstabilisant quant au contenu, frappe pourtant fort, en plein cœur d’un sludge très axé sur le drone et l’electro.
ENHB, le premier morceau, plante parfaitement le décor. Ses près de 15 minutes déroulent une musique sombre, fortement teinté d’atmosphères occultes, de loops menaçantes et de beat un brin electro quasi martiaux. Etrange, la musique de Nibiru fourmille également de petits arrangements discrets, comme ces cloches qui teintent en arrière-plan, se mêlent aux loops electro et aux guitares dissonantes. Il en ressort une ambiance chamanique étonnante, sans batterie, sans basse, toute articulée autour de bruitage, de loops, d’une voix hantée et d’une rythmique quasi militaire. Le pont autour des 9’ offre un changement d’atmosphère, avec des tambours plus rituels et toujours ses arrangements electro qui parsèment l’espace sonore.
Ce cadre va demeurer jusqu’au bout, mais évoluer vers un doom sludge nettement plus lourd, conservant toutefois la menace entrevue dans le premier titre. EXARP sonne ainsi comme un bloc de plomb ultra rampant, comme si une masse inexorable s’avançait sans que rien ne puisse la faire dévier. Très lent, extrêmement lourd, dopé par un son très, très profond et soyeux à la fois, EXARP se présente comme une pièce maîtresse. La voix, plus death cette fois-ci, offre le seul contraste à cette masse compacte, à ce bloc de granit. La sensation de rituel, fortement plantée par le premier titre, demeure présente et s’intensifie ici. ENHB avait ouvert une fenêtre, laissé passer la lumière ; EXARP la referme et écrase l’auditeur sous un déluge de goudron en fusion.
HCOMA, le troisième titre, offre une transition de 10 minutes, mixant les ambiances mortifères de ENHB, des rythmiques ritualistes et une dissonance destinée à faire le lien avec le morceau suivant, NANTA. Confirmant l’alternance de titres atmosphériques et de morceaux sludge, NANTA reprend là où EXARP s’était arrêté : le son est tout aussi lourd et profond, les grattes en fusion et la batterie, qui privilégie toujours le tempo le plus lent, permet au titre de ramper, s’accordant ainsi parfaitement avec les ambiances développées depuis ENHB. La cohérence est de mise et Nibiru ne saurait être pris en défaut sur ce plan.
ABALT reprend ainsi ce schéma, cette fois-ci parsemé de discours de ce qui semble être le Pape, sur fond de de dissonances et de messe et de prières liturgiques. Les arrangements sont ici minimalistes mais l’ambiance demeure forte, prenante, parfaitement en contraste avec le sludge dévastateur du combo. Le vent qui souffle, quelques cloches, quelques bruitages sourds et l’atmosphère funèbre se répand sans obstacle. Toutefois, comme pour briser l’habitude, BITOM n’enchaine pas sur un doom pesant mais sur de frêles notes de piano, comme pour prolonger l’atmosphère fragile et désincarnée dégagée sur ABALT. Cette douce mélodie entraîne l’auditeur en douceur, comme abandonné, comme ayant baissé la garde vers la pièce phare de l’album, le dernier titre de près de 14 minutes : RZIONR. Le sludge est de retour, écrasant, pachydermique dans son allure, occupant tout l’espace sonore, sans arrangement, sans mélodie, avec simplement ce son ultra boueux, au-travers duquel aucune lumière ne filtre.
Ce Nibiru m’a séduit. Beaucoup. Je n’en attendais rien. Son mélange d’atmosphères funèbres et de pesanteur diabolique, le travail sur le son, sur l’enchaînement des morceaux comme sur les ambiances m’a totalement conquis. A écouter absolument pour tous les fans d’ambiances rituelles qui désirent aussi leur part de gras dans l’assiette. Une vraie surprise, tout en cohérence.
| Raziel 22 Mars 2020 - 1403 lectures |
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6 COMMENTAIRE(S)
citer | gulo gulo a écrit : Immemorial a écrit : Tu conseilles lequel?
Padmalotus, puis Qaal Babylon 
Et Netrayoni, mais faut pas être pressé hahaha.
Les chros étaient sur SE, mais...
Padmalotus, c'est un peu Oranssi Pazuzu en plus punk et déjanté.
J'étais parti pour les refaire, ou republier celles de SE, mais en fait je viens de constater qu'il manque juste Qaal Babalon, dans ma propre crèmerie, à toutes fins utiles. |
citer | Raziel 22/03/2020 20:26 | note: 8.5/10 | gulo gulo a écrit : Un groupe précieux, un disque audacieux... Mais pas leur plus attachant pour moi, va savoir pourquoi.
Ouais, ça m'a étonné, franchement.
Très adacieux et en même temps, hyper cohérent. |
citer | Immemorial a écrit : Tu conseilles lequel?
Padmalotus, puis Qaal Babylon
Et Netrayoni, mais faut pas être pressé hahaha.
Les chros étaient sur SE, mais...
Padmalotus, c'est un peu Oranssi Pazuzu en plus punk et déjanté. |
citer | Tu conseilles lequel? |
citer | Un groupe précieux, un disque audacieux... Mais pas leur plus attachant pour moi, va savoir pourquoi. |
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6 COMMENTAIRE(S)
27/03/2020 14:04
Padmalotus, puis Qaal Babylon
Et Netrayoni, mais faut pas être pressé hahaha.
Les chros étaient sur SE, mais...
Padmalotus, c'est un peu Oranssi Pazuzu en plus punk et déjanté.
J'étais parti pour les refaire, ou republier celles de SE, mais en fait je viens de constater qu'il manque juste Qaal Babalon, dans ma propre crèmerie, à toutes fins utiles.
22/03/2020 20:26
Ouais, ça m'a étonné, franchement.
Très adacieux et en même temps, hyper cohérent.
22/03/2020 20:20
22/03/2020 19:47
Padmalotus, puis Qaal Babylon
Et Netrayoni, mais faut pas être pressé hahaha.
Les chros étaient sur SE, mais...
Padmalotus, c'est un peu Oranssi Pazuzu en plus punk et déjanté.
22/03/2020 17:30
22/03/2020 12:58