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Tar Pond - Protocol of Constant Sadness

Chronique

Tar Pond Protocol of Constant Sadness
2008. Celtic Frost se sépare, une nouvelle fois et pour de bon. Thomas Gabriel Fischer fonde alors Triptykon, groupe supposé reprendre là où Monotheist s’est arrêté. Martin Eric Ain, lui, annonce la naissance de projets qui semblent restés uniquement à l’état d’ébauche, jusqu’à sa mort en 2017. Sa patte particulière, ce qu’il apportait de plombant et langoureux, formant un parfait équilibre avec les obsessions Gigerienne de son partenaire d’alors, parait perdus à jamais.

2020. Sort dans l’indifférence la plus complète cet album de Tar Pond, groupe créé par des artistes de la scène suisse (notamment Marky Edelmann de Coroner et le dessinateur Thomas Ott, ici au micro) et dernier témoignage du talent de Martin Eric Ain. Sorti en édition limitée et autoproduite, Protocol of Constant Sadness existe mais paraît presque s’en excuser. Pourtant derniers témoignages d’un homme aux compétences reconnues pour ce qui est de dessiner une certaine tristesse, atmosphérique et mentale derrière des atours classiques, ces quatre morceaux enregistrés il y a trois ans – soit quelques mois avant le décès du Monsieur – donnent l’impression, de loin, d’être des compositions mineures, compilées ensemble uniquement pour tirer un trait sur les débuts du projet.

Il n’en est rien. Il suffit d’écouter « Damn », ses treize minutes, le temps qui se dilate dans un exercice doom frôlant le post-rock dans ses ambiances tout en restant étonnamment vieux, sorte de blues étiré, lessivé, étalé, pour s’en convaincre. D’entendre cette basse, recueillie et fatidique, sans excès mais sans aucun doute écroulée. Ce chant rugueux, chaud et peiné. Cette guitare qui, quand elle monte le ton, a la simplicité des moments les plus doom de Monotheist. Oui, toute la détresse d’humain trop humain, toute la mélancolie bien réelle, tout ce que l’on ressentait de nu et sensible dans l’ultime œuvre de Celtic Frost est parti avec Martin Eric Ain. Et se retrouve un peu dans Protocol of Constant Sadness, et ce morceau en particulier.

Cependant, il serait injuste – et trompeur – de dire que Protocol of Constant Sadness tient majoritairement ses qualités d’un seul homme. On le constate à l’écoute de ce premier titre, occupant à lui seul la première face du sobre vinyle l’habillant ; la face B montre également que Tar Pond, loin de se contenter d’un coup d’éclat, développe d’autres promesses qui appellent à se développer par la suite. « Please », « Worm » et le final acoustique « The Spirit » peuvent être moins directement bluffants ; ils n’en restent pas moins des délices de doom metal à l’ancienne élégamment remis au goût du jour, mélodique et texturé à la fois. Une lourdeur qui ne s’affiche pas en force, qui s’étiole et laisse un goût âcre en bouche malgré une certaine douceur avec laquelle les Suisses aiment jouer, d’autant plus implacables quand ils rugissent (« Please » fait courber l’échine avec un traditionalisme éclatant). Chant, guitare et batterie suivent le pas dans cette envie de suspendre l’instant avec une maîtrise confondante pour un début, faisant espérer que cet album aura une suite.

Car, il faut bien le dire : ces trente-quatre minutes ont un aspect définitif... et introductif. Protocol of Constant Sadness est une manière de rendre hommage à Martin Eric Ain, ce qu’il fait de la meilleure façon possible tant on sent sa main guider l’ensemble. Il est également une œuvre avortée par un coup du sort, développant une identité forte aussi bien que des esquisses que l’on aimerait voir se transformer en tableaux (à la façon de « Worm » et son tressage flottant au ras du sol, prenant et frustrant). Enfin, et c’est sans doute le plus important, il est un bel album de doom, respectueux et étrange, extrêmement convaincant au fur et à mesure des écoutes malgré sa courte durée. Il n’y a plus qu’à espérer que Tar Pond, lui, vive encore longtemps.

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1 COMMENTAIRE(S)

Caïn Marchenoir citer
Caïn Marchenoir
22/08/2020 20:11
Évidemment il y a de l'idée et l'on sent bien la patte de Martin Eric Ain, mais, un peu à l'instar d'un Triptykon, il lui manque l'autre moitié de l'entité bicéphale. Cela dit, cela reste bien fait et il y a pas mal de passages qui m'ont fait penser au vrai Alice In Chains, plutôt période album éponyme. Mais à voir sur la longueur.

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Tar Pond
Doom Metal
2020 - Autoproduction
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs : (1)  9/10
Webzines : (2)  7.17/10

plus d'infos sur
Tar Pond
Tar Pond
Doom Metal - 2015 - Suisse
  

vidéos
Please
Please
Tar Pond

Extrait de "Protocol of Constant Sadness"
  

tracklist
Side A

01.   Damn  (13:22)

Side B

02.   Please  (07:31)
03.   Worm  (07:27)
04.   The Spirit  (05:37)

Durée : 33 minutes 57 secondes

line up
parution
20 Mars 2020

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