Il n’était pas prévu ce concert. À l’origine, la vente de places a été trop rapide pour moi et
La Machine fut complète avant que je me décide à dégainer la carte bleue. Soit. Puis il y a eu ce déplacement à l’
Elysée Montmartre, avec une majoration de cinq euros. Soit. Du
death metal dans cette salle ? Pour un groupe qui en 2017 remplissait à peine le
Klub (
live report) ?
Really ? (Cette expression fut à la mode dans les années 2000 je crois, aujourd’hui elle est punissable par lapidation en place publique). Je sais bien qu’en septembre dernier,
CANNIBAL CORPSE y jouait aussi à guichets fermés mais l’affiche me semblait tout de même d’un autre acabit, avec
IMMOLATION et
MUNICIPAL WASTE en soutien…
Alors que là, les Américains nous font le coup du « nous on est différent, en première partie nous n’allons pas faire comme tout le monde, on va inviter un groupe de
minimal, du
krautrock japonais » ce qui, sur le papier tout du moins mais également à l’écoute de «
Fortune Goodies » (2022), m’emmerde assez. Pas parce que je n’aime pas (même si j’ai trouvé le disque plutôt ennuyeux), juste parce que je ne souhaite pas que les concerts de
death se transforment en une espèce de délire
arty branché, déjà que tous les magazines, jusqu’aux plus généralistes, se sont lustrés la colonne sur
« Absolute Elsewhere », un (très) bon album certes mais pour lequel je peine encore à comprendre l’enthousiasme extra-métallique… Parce que
BLOOD INCANTATION n’est quand même pas le premier à intégrer des influences progressives dans sa musique et je n’ai pas souvenir que ça se bousculait au portillon du temps de
« Starspawn » ou
« Hidden History of the Human Race », deux excellentes sorties de
death metal inventif. Alors est-ce que c’est l’EP
« Timewave Zero » qui a lancé l’engouement à une plus grande échelle ? Nous étions pourtant loin du niveau des références citées… Donc oui le combo « grosse salle » + « première partie hors sujet », j’étais parti pour rester paisiblement chez moi. C’était sans compter sur l’ami Ventriloque qui, sans rien dévoiler de sa vie privée, a préféré une soirée jeu se pratiquant sur une pelouse bien tondue et légèrement humide, me cédant ainsi généreusement sa place afin de rejoindre mon cher camarade
Ludwiglio. Le lendemain est férié de toute façon, j’aurais tout le temps de rédiger mon
live report de vieux grincheux.
Alors que je marche du métro Pigalle vers Anvers, je vois une queue immense sur le terre-plein central… Je prends peur. Beaucoup de jeunes, pas des dégaines de métalleux… Ouf ! C’était pour Finneas au Trianon, juste à côté. Bref, le temps de retrouver Ludo accompagné de son fils, de boire une pinte en devisant, la première partie a terminé son
set depuis longtemps au moment où nous entrons dans la salle. J’aurais juste aimé savoir s’il y eut affluence, quel fut l’accueil réservé à
MINAMI DEUTSCH… Par curiosité, on passe au
merchandising, le t-shirt manche courte coûte aussi cher que la place, le reste est à l’avenant, ça me semble plutôt disproportionné. Sinon, la salle est superbe, je n’y étais pas retourné depuis l’incendie de 2011.
Enfin, à 20h55 le concert débute, à 21h50, il s’achève. Alors, qu’en dire ? Du côté de la sonorisation et des éclairages, j’ai trouvé ça franchement parfait. Les Américains ont évidemment joué l’intégralité d’«
Absolute Elsewhere » et, heureusement, le claviériste était présent. Il y aurait eu des bandes, c’eût été un véritable scandale. Les mecs ont une prestance scénique indéniable et tous les passages purement
death metal sont excellents, dans cette veine technique Sci-Fi qu’on leur connaît. Sur ce plan là, je n’ai absolument aucune mauvaise critique à formuler, les moments rouleau-compresseur sont purement imposants (« The Stargate [Tablet III] »), exécutés avec charisme, alors que les blasts conservent une parfaite lisibilité. En revanche, autant sur l’album les parties progressives m’avaient séduit, autant les voir en
live m’a laissé davantage perplexe. En effet, entre les vapeurs d’un
CYNIC sans le côté chiant du vocodeur et les arpèges en son clair qui finalement se répètent beaucoup, il n’y a guère que par la qualité des solos que ces moments brillaient, le reste me semblant finalement passablement surfait, avec beaucoup de claviers et de nappes sonores, réduisant le temps effectif de pur métal à peau de chagrin.
Comme ce n’est pas un festival, la
setlist est agrémentée de trois compositions supplémentaires : « Inner Paths (to Outer Space) » issu de «
Hidden History of the Human Race » puis encore un solo de clavier enchaîné avec le single « Obliquity of the Ecliptic ». Et c’est marre, merci bonsoir, rentrez chez vous. La foule n’y a d’ailleurs étrangement rien trouvé à redire : pas de demandes véhémentes de rappel, une fois la salle rallumée elle se vide en dix minutes, alors que nous étions encore à digérer notre sentiment de beaucoup trop peu. Je suis peut-être un fieffé imbécile mais je trouve qu’il y a de quoi bouder. Trente-cinq balles pour voir
BLOOD INCANTATION jouer un peu moins d’une heure, sachant qu’il y a de nombreux ponts ambiants, je trouve que c’est définitivement trop léger pour une tête d’affiche, alors que deux petits titres en plus (« Chaoplasm » et « Slave Species of the Gods » par exemple, qui sont courts) auraient fait toute la différence. Je suis grognon.
Setlist :
01. The Stargate [Tablet I]
02. The Stargate [Tablet II]
03. The Stargate [Tablet III]
04. The Message [Tablet I]
05. The Message [Tablet II]
06. The Message [Tablet III]
07. Inner Paths (to Outer Space)
08. Synth Solo
09. Obliquity of the Ecliptic
2 COMMENTAIRE(S)
08/05/2025 20:28
Par contre, le merch était aussi très cher à Lille (35 boules le t-shirt...), ça m'à l'air d'être une décision du groupe (je crois que c'est pareil sur les ventes sur le net). Pas glop donc
08/05/2025 11:20
Quant à Blood Incantation, quel chemin parcouru depuis leur passage au Klub en 2017... J'aurai préféré une salle plus petite mais le succès est là et ne se dément pas... Oui, les t-shirts et le merch est beaucoup trop cher, je ne sais pas si l'Elysée y a quelque chose à voir mais je ne serais pas étonné. Cîoté musique, pas de déception, ça joue bien et juste tout le temps, notamment les parties progressives en chant clair que j'ai trouvé très justes. Je n'aurai pas dit non contre un titre ou deux en plus mais bon, ça ne m'a pas chagriné non plus.