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Bongzilla - Weedsconsin

Chronique

Bongzilla Weedsconsin
Seize années, cela peut paraître court pour certains, ou bien long pour d’autres, tout dépend de quel côté l’on se place par rapport au temps qui passe, ou sur l’échelle du temps si l’on voulait faire une référence à Braudel. En seize années, l’on peut en voir passer et repasser des styles qui deviennent soudainement à la mode et qui finissent par lasser faute de nouveautés ou d’inspiration. Seize années, c’est surtout le temps entre la sortie d’Amerijuanican et le présent Weedsconsin de Bongzilla. Le groupe s’était un temps séparé entre deux mille neuf et deux mille quinze, puis s’est reformé, d’abord sous forme de quatuor avec le retour à la basse de Cooter Brown avant que le groupe ne décide de rester autour du trio fondateur et voir donc Muleboy reprendre la basse en plus de la guitare et du chant. Et en seize ans, l’on peut presque dire que le groupe est passé à côté du train de la hype stoner / sludge des années deux milles dix, avec tous ces groupes avec le mot bong ou witch dans leurs patronymes et déversant leur mélange de stoner et de sludge pas mal influencé, entre autres, par Bongzilla. Les grands oubliés de l’histoire, c’est un peu vrai aussi. Du coup cela fut une belle surprise de voir ce disque sortir de nulle part, avec changement de label pour faire partie du roster de Heavy Psych Sounds. L’on retrouve ainsi un artwork qui fera un peu penser à celui de l’excellent Gateway, avec la bonne police d’écriture rétro pour le nom du groupe. Il y a surtout ce jeu de mot dans le nom de l’album, Weedsconsin, toujours autant centré sur le cannabis, et, pour être précis, cet album est sorti le vingt avril deux mille vingt et un, le fameux four twenty si chers aux amateurs de weed, même si, pour le coup, Sleep l’avait déjà fait avant avec The Science.

Qui dit Bongzilla, dit évidemment ce mélange entre stoner et sludge, et l’on retrouvera pas mal de ce qui avait fait le charme pour certains, une déception pour d’autres, d’Amerijuanican. La balance entre les deux genres est bien faite, le tout étant centré sur un riffing vraiment exemplaire et toujours à propos. L’on sent bien d’ailleurs que les choses n’ont pas trop bougé de ce côté-ci, avec toujours cette même faculté d’insuffler un certain groove dans leur musique par le biais de ces riffs gras assez simples, très sabbathiens dans l’âme, mais avec toujours ce même feeling. Vous les voyez forcément venir ces passages typiques qui vous font secouer la tête assez lentement, car le rythme est assez lent dans sa globalité, même si nos fumeurs de weed préférés ne se privent pas d’accélérer de temps à autres. Le son est assez gras, bien gavé de fuzz d’ailleurs pour ce qui est des guitares, avec une basse bien audible et une batterie qui sonne vraiment naturelle. La production est sans doute moins chargée qu’auparavant, ce n’est pas aussi gluant qu’un Stash, mais cela laisse respirer les instruments tout en occupant bien l’espace. Cela démarre d’ailleurs de manière assez classique avec les deux premiers titres que sont Sundae Driver et Free the Weed - tout un programme. Les structures de ces titres sont assez classiques pour du Bongzilla et l’on retrouve évidemment ce chant écorché, hurlé et bien rugueux de Muleboy, sans doute frustré de ne pas avoir vu la marijuana légalisée dans l’état du Wisconsin d’où provient le groupe. En prenant ces deux premiers titres, l’on pourrait se dire que cette réformation ne va pas apporter grand chose, et pourtant elles recèlent des petits détails, mais loin d’être anodins, qui vont être bien plus développés par la suite sur les deux morceaux de bravoure que sont Space Rock et Earth Bong, Smoked, Mags Bags.

Car il y a bien une constante qui va faire la différence sur cet album par rapport aux précédents, qui justifie d’ailleurs tout autant la réformation de Bongzilla que l’intérêt de Weedsconsin: c’est ce côté très jam des compositions, que l’on sent poindre déjà sur le final de Sundae Driver, et qui va s’exprimer sur les deux plus longues pièces de l’album. C’est là que l’on voit que le groupe s’est ouvert à d’autres influences, je pense ainsi au rock psychédélique, notamment pour ce qui est de se laisser aller à des passages instrumentaux, quittent à répéter à l’envie les mêmes motifs, et au space rock, dans ce côté un peu plus planant et cette faculté de lâcher toutes les brides jusqu’au crash final. C’est ainsi que le groupe explose un peu son schéma de composition habituel et se laisse aller à des moments de bravoures, que ce soit en répétant à l’unisson les mêmes riffs, que lors de très beaux soli. Le titre Space Rock a ma faveur dans ce domaine, après une introduction assez douce, avec cette descente de notes un peu lysergique, qui va être reprise par la suite sous une tonne de fuzz. Cela a beau avoir été fait des milliers de fois, cela fait toujours son effet, ça, et le fait de retrouver ce motif en fin de parcours après une partie centrale bien plus lourde et rentre-dedans. Et là, je trouve qu’il y un certain feeling qui s’exprime de la part des deux guitaristes, et qui pourrait parfois faire penser à ces passages plus légers d’un Kyuss. Il y a ainsi pas mal de nuances et l’on va naviguer entre passages plus doux et d’autres plus chargés. C’est là qu’il faut saluer l’excellente prestation du batteur Magma qui est au diapason de ses acolytes et remplit bien son office derrière ses futs et ses cymbales.

Le même constat s’applique évidemment sur Earth Bong, Smoked, Mags Bags qui s’étire sur plus d’un quart d’heure et qui est un réel appel au voyage, aussi bien intérieur que dans le vrai sens du terme. Il ne faut pas forcément être consommateur des substances illicites prônées par les musiciens du groupe pour se laisser aller. Ceci constitue aussi une des grandes réussites de cet album, le groupe enquillant riffs magistraux sur riffs magistraux, se permettant de casser la dynamique pour y inclure des passages plus mélodiques à l’ensemble, une chose dont on n’aurait pas cru capables les Américains aux débuts des années deux mille. Mais ce sont ces passages aux leads et qui laissent souvent les deux guitaristes se laisser aller à des sortes de duels de guitares qui fait tout le charme de ce titre. Là encore, après une bonne dose de groove et de lourdeur, l’on s’évade assez rapidement sur les cimes et dans les cieux, avec des instants qui ne sont pas sans me faire rappeler les vieux Mammatus. Le groupe a d’ailleurs eu la bonne idée d’inclure un petit instrumental de moins d’une minute entre les deux pièces les plus longues, histoire de mieux respirer, et peut être de faire un petit clin d’oeil à un de leurs anciens membres. Un instrumental qui voit le retour des fameux samples des débuts, au même titre que sur l’instrumental qui vient clore cet album, tout simplement, avec quelques rires en fond sonore, et représentant une forme de descente et de retour sur terre. En tout cas le constat est là au bout de ce périple: cette nouvelle incarnation de Bongzilla est vraiment prenante, plus aventureuse et moins bas du front qu’auparavant, même si la thématique reste centrée sur le même sujet de conversation depuis plus d’un quart de siècle.

N’y allons pas par quatre chemins, ce retour de Bongzilla est une très belle surprise. L’on s’attendait même à tout, et surtout à une reprise sans risques de la formule du passé, mais pas à cela. Pas à retrouver sur ce Weedsconsin un Bongzilla, pour ainsi dire, plus détendu, plus planant et moins terre à terre qu’auparavant. Cet album est vraiment très plaisant à écouter et a même son petit effet à retardement, car si on l’écoute d’une oreille distraite, l’on pourrait se dire qu’il est question d’un album de plus du groupe et encore un album de plus de sludge mâtiné de stoner ou de stoner saupoudré de sludge. Il n’en est rien, car tout parait bien pensé, même si l’on a l’impression que le tout a été fait de manière un peu plus détachée, pour ne pas dire à la va-vite, ce que la production qui sonne très live pourrait donner comme impression. Rien de tout cela, ce Weedsconsin tient vraiment la route, et est de loin ce qu’il se fait de mieux en cette année deux mille vingt et un dans ce registre. Oubliez les Bongripper, les Bongjovi, les Bongolord, les Bongthrower, les Bongwizzard, les Bongwitch de la terre: Bongzilla est de retour et a encore pas mal de choses à dire et à partager.

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Bongzilla
Sludge / Stoner
2021 - Heavy Psych Sounds Records
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs : (1)  7.5/10
Webzines : (6)  7.88/10

plus d'infos sur
Bongzilla
Bongzilla
Sludge / Stoner - 1995 - Etats-Unis
  

tracklist
01.   Sundae Driver  (04:33)
02.   Free the Weed  (06:12)
03.   Space Rock  (10:28)
04.   The Weedeater  (00:35)
05.   Earth Bong, Smoked, Mags Bags  (15:22)
06.   Gummies  (06:20)

Durée : 43:30

line up
parution
20 Avril 2021

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