Quelle étrange formation que
GESSO… Evidemment, je n’avais jamais entendu parler d’elle malgré un EP paru en 2011 («
Nevoa baixa, sol que racha ») suivi d’un LP en 2013 («
Howling Grace ») mais son absence de près de dix ans n’a pas dû aider à accroître, si ce n’est asseoir, sa renommée. Pourtant, voilà que sort en ce mois d’avril un nouvel album intitulé «
Nuncas os céus se tornarao lugares », ce qui signifie approximativement en portugais : « Ne laissez jamais les cieux devenir des lieux ». C’est beau non ? Poétique à souhait. Je ne sais pas pourquoi, j’ai le sentiment qu’on ne va trop se fendre la poire en l’écoutant, heureusement que je garde toujours un paquet de mouchoirs à côté de mon ordinateur…
Au niveau du style pratiqué, nous sommes sur un
doom stoner légèrement psychédélique, les influences principales étant à aller chercher du côté des Américains de
PENTAGRAM ou évidemment de
BLACK SABBATH, le tout interprété avec une guitare fuzz, ce qui par conséquent confère un son dont on peut affirmer qu’il est proprement
stoner. A priori, rien de bien original, nous pourrions faire grise mine tout en dédaignant d’une main hautaine ce disque tendu. J’aurais pu réagir ainsi, c’eut alors été une (petite) erreur. En effet, si la musique de
GESSO ne déroge pas à ce que l’on connaît du genre évoqué (des rythmes lents, des riffs répétitifs, des structures simples, des montées et des baisses de tension au gré de l’intensité de la distorsion ainsi que de la force de frappe du batteur, une ambiance à faire déprimer un croque-mort), s’inscrivant ainsi dans un classicisme absolu, le groupe dispose cependant d’un atout de choix en la personne de son chanteur. Ce dernier possède une espèce de voix mélodique, « glissante », vaporeuse, languissante, rampante, traînante, les qualificatifs me font un peu défaut aujourd’hui, qu’il met au service de lignes de chant dont la portée émotionnelle fait à chaque fois mouche. Mon petit cœur est touché.
Ce n’est pas tout. Il y a systématiquement dans chacune de ces quatre longues compositions (entre six et dix minutes, éthique
doom oblige) une petite trouvaille sonore, un truc discret en toile de fond qui modifie foncièrement l’écoute au casque et je ne parle pas de mettre deux gouttes de citron dans la purée pour changer le goût (hommage à Dieudo). Ainsi, les quelques notes sifflées dans « Cinzas » avec en arrière-plan l’impression que quelqu’un joue à un Simon (vous avez la référence ? C’était un jeu des années 80) font basculer le morceau dans une tout autre dimension, bien plus personnelle et originale, sans compter que cela instaure une ambiance de moribond. Idem avec l’incursion d’un très subtil saxophone au sein de « Homens se tornam réus » où, là encore, des espèces de sonorités électroniques futuristes viennent contrebalancer le côté passéiste de l’instrumentation.
Il n’y a guère que « Berço em flor », dont le riff principal est définitivement celui d’« Iron Man », qui me convint moins même si le passage basse – batterie en plein milieu du titre est vraiment bien trouvé, toujours accompagné de ces étranges nappes sonores qui n’apportent aucune mélodie supplémentaire, juste une atmosphère aussi déstabilisante qu’angoissante et qui va crescendo jusqu’au terminus de l’album.
Pour tout dire, je suis sincèrement surpris, voire conquis, par le travail que
GESSO vient de réaliser sur «
Nuncas os céus se tornarao lugares ». Il n’invente pas, s’appuie sur des codes musicaux totalement élimés mais parvient néanmoins à proposer quelque chose de singulier avec trois fois rien : une note, un son placé pile au bon moment, je pense que si j’avais été en dépression profonde j’aurais versé une petite larmichette.
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